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Retraites : mobilisation record, et après ?

Après le succès de la journée de mobilisation contre la réforme des retraites hier, les syndicats doivent se rencontrer jeudi pour décider des suites. Tentant de maintenir la pression sur le gouvernement, ils l'exhortent à entendre la contestation grandissante et à revoir sa copie. De son côté, le gouvernement fait le pari d'une réforme acceptée et estime qu'il doit tenir.
Article rédigé par franceinfo
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L'Histoire peut bégayer et François Fillon le sait. Ce qu'il voit dans le bras de fer qui se noue avec la rue, ce ne sont pas les réminiscences de 1995, mais les échos de 2003. Il était alors ministre des Affaires sociales et il a conduit sa loi sur les retraites en dépit d'un dur conflit social, qui fit dire à son premier ministre, Jean-Pierre Raffarin : “c'est pas la rue qui gouverne”.

En 2003, sa loi a été adoptée et elle est entrée en vigueur. Il en est persuadé, en 2010, il en sera de même. Et dans quelques mois, tout le monde aura oublié cette poussée de fièvre. C'est ainsi qu'il a présenté les choses au lendemain de la journée d'action du 23 septembre.
_ Persuadé d'avoir convaincu la majorité des Français, le gouvernement en a fait voter les points les plus contestés par le Parlement. Pour lui, le plus dur est fait, et l'enjeu consiste à tenir bon jusqu'à la promulgation de la loi, annoncée avant un mois. François Fillon en a fait la démonstration hier après midi à l'Assemblée nationale en affirmant qu'il était “décidé à mener la réforme à son terme” et qu'il n'y aurait plus de concession.

En 2003, au plus fort de la contestation, les syndicats revendiquaient deux millions de manifestants. Hier, ils en étaient à trois millions et demi, après deux journées à trois millions. Ils ont l'arithmétique de leur côté, et ne se privent pas de la mettre sous les yeux du gouvernement. Le leitmotiv est simple : l'Etat ne peut pas rester sourd face une telle contestation, qui s'inscrit dans la durée.

Les prochains jours seront cruciaux, car les anti-réforme des retraites veulent empêcher la promulgation. Ils doivent donc accélérer le mouvement, afin que la pression soit assez forte pour ébranler le gouvernement. Les manifestants avaient réussi une telle prouesse lors du CPE. Et chacun se tourne vers les jeunes, étudiants et surtout lycéens. Les partis de gauche et certains syndicats les appellent à manifester. Ségolène Royal elle-même le leur a demandé, à condition qu'ils le fassent “de façon très pacifique”. A droite évidemment, le ton est plutôt à l'appel à rester à la maison. Et la consigne est traiter d'“irresponsable” le camp d'en face, dans une soudaine poussée de sentiment paternel.

Les syndicats ont rendez-vous jeudi pour décider des suites à donner au mouvement. Mais le prochain rendez-vous est déjà fixé, avec de nouvelles manifestations prévues samedi. Ils annoncent que les journées d'action vont se succéder à un rythme de plus en plus soutenu.

Chaque camp va aussi scruter avec attention l'évolution des grèves d'ici la fin de la semaine. Elles sont reconductibles dans le secteur stratégique des transports, qui peut rapidement faire monter la température sociale. Mais sur le terrain, les agents ne semblent pas aussi déterminés que lors de précédents conflits. Cheminots, enseignants, électriciens-gaziers etc : chacun attend de voir ce que va faire le voisin avant de s'engager dans un mouvement au long cours, avec des pertes de salaires douloureuses.

Grégoire Lecalot, avec agences

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