Rencontre avec une ex-Femen qui a décidé de tout balancer
Elle y a passé 18 mois et n'y
retournera jamais. Elle se fait appeler Alice et préfère qu'on déforme sa voix pour témoigner au micro de France Info. "Je n'ai pas envie que les Femen me reconnaissent ", avoue-t-elle.
Elle s'apprête à sortir un livre "choc" sur son expérience au sein
du groupe féministe radical.
Elle y raconte qu'elle a
beaucoup accepté lorsqu'elle était dans ce groupe : les entrainements
physiques, durs, tous les samedis. Mais, explique-t-elle, il y a une chose qui
ne passait pas : le manque total de dialogue, un "formatage ", un "lissage de la pensée ", même.
"Il y a beaucoup de
filles jeunes qui viennent à Femen, qui ont des illusions, et qui en ressortent très atteintes" (une ex-membre des Femen)
"On sort dehors
torse nu, affronter des CRS, des fachos, des intégristes, la moindre des
choses c'est qu'on soit un minimum soudé et qu'on se respecte entre nous. Et
ça, c'est quelque chose qui n'existe pas. Quand on se bat pour le droit des
femmes, il faut le faire au sein du groupe qu'on gère ", regrette-t-elle.
"Sœurs de sang"
Certaines filles, ajoute
Alice, ne participent jamais aux actions coups de poing seins nues. Elles sont
laissées sur la touche, sans explication honnête. "Quand Femen dit :
'Vous pouvez être activistes, que vous soyez petites, grosses, vieilles, jeunes',
c'est pas vrai ".
Les filles qui sont toujours
membres des Femen assurent quant à elles, qu'elles sont sereines. Elles
assument complètement, "oui il y a une idéologie de fer ", confie
Pauline, "oui nous avons des vies dures, oui nous avons des relations
entre nous qui ne sont pas amicales mais qui sont des relations de travail ",ou plutôt, corrige-t-elle, des relations de "guerrières, de sœurs de sang ". Pauline
l'avoue : "On n'est pas tendre les unes avec les autres, mais c'est
quelque chose qu'on ne nie pas. On est fière de la structure de notre mouvement ".
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Les Femen, une secte ?
Le livre d'Alice arrive alors que le
groupe fait face à une fronde. Le week-end dernier, une manifestation
anti-Femen a été organisée à Paris pour demander la dissolution du groupe. La
semaine prochaine, des Femen seront jugées pour avoir commis des dégradations à
Notre-Dame de Paris.
George Fenech, député UMP, a
de son côté saisi la Miviludes, la Mission de lutte contre les sectes. Pour
lui, le fonctionnement du groupe s'apparente à celui d'une secte. "Ce que
je constate ", a-t-il déclaré sur France Info, "c'est qu'il y a des
injures graves et diffamatoires à l'égard des grandes religions, il y a des
profanations de lieux de cultes, il y a des menaces proférées contre les
institutions et il y a une grande opacité quant au mode de financement ". Il cherche donc à clarifier les choses.
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