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Vidéo "Séparatisme" religieux : "Le choix du mot n'est pas très judicieux", selon une imame

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

Kahina Bahloul, première femme imame de France, a contesté le vocabulaire choisi par Emmanuel Macron.

"Le choix du mot ['séparatisme'] n’est pas très judicieux, parce qu’il pourrait avoir une connotation stigmatisante pour la communauté musulmane en France", a regretté sur franceinfo mardi 25 février Kahina Bahloul, première femme imame de France. Emmanuel Macron, doit recevoir mardi des associations engagées dans l'éducation populaire, dans le cadre de son plan de lutte contre ce qu'il appelle le "séparatisme" religieux.

franceinfo : Que veut dire le "séparatisme islamiste" pour vous ?

Kahina Bahloul : De pointer du doigt comme ça ce phénomène de la part du chef de l’État, qui est censé être le président de tous les Français, ça pourrait être stigmatisant. C’est un peu dommage de ne pas faire cette distinction entre les idéologies politiques, qui sont dans une idéologie exclusiviste, qui ont clairement un problème avec l’altérité, et la pratique de millions de fidèles en France. Le choix du mot n’est pas très judicieux à mon sens, parce qu’il pourrait avoir une connotation stigmatisante pour la communauté musulmane en France, pour les Français de confession musulmane.

Emmanuel Macron a-t-il raison de ne plus vouloir d’imams détachés en France, d’imams formés et payés par des pays étrangers, notamment la Turquie et le Maroc ?

Oui, je pense qu’il a tout à fait raison. Je salue cette décision d’Emmanuel Macron. C'est une décision que plusieurs d’entre nous, musulmans de France, attendions. Sincèrement, je n’ai pas compris pourquoi l’année dernière, pour la première fois en France, nous avions eu la première promotion d’imams formés au Maroc, qui revenait en France. Je ne comprenais pas cette logique d’envoyer des imams pour être formés dans d’autres pays et finalement revenir pour prêcher dans notre pays. Il y a forcément des différences culturelles, des différences sociales.

Vous avez réuni vendredi dernier, pour la première fois en France, des fidèles hommes et femmes pour une prière mixte. La mixité dans les mosquées de France, est-ce l’une des réponses ?

Oui bien sûr, c’est l’une des réponses. À travers cette démarche, nous essayons de montrer que la religion musulmane peut être vécue autrement, dans un modèle complètement en phase avec notre société, la société française où l’égalité hommes-femmes est un principe. Nous essayons également de mettre en place une autre démarche de lecture des textes, qui prend en compte l’avancée des sciences humaines et sociales, la démarche historico-critique. L’objectif, c’est de pérenniser ce projet et que cette démarche puisse petit à petit prendre de l’ampleur et être comprise par une grande majorité des musulmans.

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