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Débat sur le port du voile pendant les sorties scolaires : "Je me sens comme persona non grata", témoigne une mère d'élève

Depuis trois semaines, le voile est revenu sur le devant de la scène. Un débat de société qui est examiné mardi au Sénat avec une proposition de loi suggérant l'interdiction des signes religieux lors des sorties scolaires.

Article rédigé par Alexis Morel, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des parents d'élèves, dont certains portent le voile, accompagnent une sortie scolaire à Perpignan. Photo d'illustration.  (MICHEL CLEMENTZ / MAXPPP)

La proposition de loi visant à interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant des sorties scolaires doit être examinée mardi 29 octobre au Sénat. Elle était prévue de longue date par le groupe Les Républicains (LR), mais retentit d'autant plus que le débat sur le voile a été relancé par un élu du Rassemblement national (RN), Julien Odoul, puis par les propos du ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, qui a estimé que le "port du voile n'était pas souhaitable".

Les lotos et les kermesses

Pour les principales intéressées, c'est l'incompréhension face à cette polémique. Virginie habite dans les Yvelines. Mère d'un pré-ado, elle porte le voile, y compris pendant les sorties scolaires : "J'accompagne mon fils en sortie scolaire depuis qu'il a quatre ans. Dans la vie réelle, mon voile n'a pas posé de problème au sein de l'école. Je fais les lotos, les kermesses aussi."

Le voile n'a jamais posé de problèmes, c'est le cadet des soucis des professeurs, des parents. Je me demande dans quel monde sont les politiques ?

Virginie

à franceinfo

Même constat à Saint-Denis pour Fatima. Mère de trois enfants, elle est une habituée des sorties scolaires. Elle est même souvent appelée à la rescousse : "C'est arrivé plusieurs fois que l'école m'appelle pour me dire 'Fatima, est-ce que vous êtes disponible parce que sinon on annule la sortie'. Ils étaient bien contents que nous soyons là. Voilée ou pas, ce n'était pas un critère de choix."

Cela devient insupportable. Il y a des jours où j'en pleure, tu as l'impression que tout le monde est contre toi.

Fatima

à franceinfo

Fatima vit très mal la polémique. Elle s'inquiète des conséquences sur les accompagnantes à l'avenir : "Les mamans voilées vont être réticentes. On sera moins volontaires parce qu'on ne veut pas de nous. C'est comme si on m'interdisait d'être volontaire. Du coup, ça me met des freins sur autre chose. Vous ne vous rendez même pas compte de l'impact que ça a, même sur ma vie quotidienne. Je me sens comme persona non grata. Les gens déjà dans les transports te regardent de façon bizarre à chaque nouvel épisode."

Le voile, l'arbre qui cache la forêt

Pour Virginie, le débat sur le voile est un moyen un peu facile de ne pas évoquer les vrais soucis de l'école. "Il y a une directrice d'école qui s'est suicidée et on parle des accompagnantes scolaires ! Les classes sont surchargées à certains endroits. Il y a des enfants qui passent en sixième et qui ne savent pas lire. Ça, ce sont des problèmes !" estime-t-elle.

Malgré tout, Virginie assure qu'elle continuera à accompagner les sorties scolaires parce que les enfants, dit-elle, s'en fichent largement de ce que les parents ont ou n'ont pas sur la tête.

Alexis Morel a rencontré deux mamans voilées qui ne comprennent pas le pourquoi de ce débat.

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