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Procès du père Preynat : "Il savait qu'il s'agissait d'agressions sexuelles, mais il les a présentées comme un péché", dénonce La Parole Libérée

Le président de l'association La Parole Libérée a réagi aux propos de l'ancien prêtre devant le tribunal. 

Article rédigé par franceinfo
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François Devaux lors du procès du père Preynat, le 14 janvier 2020.  (MAXIME JEGAT / MAXPPP)

L'ex-curé Bernard Preynat a admis avoir des pulsions sexuelles envers les enfants, mais a tenté de minimiser les faits avec cette phrase : "il y avait énormément d'enfants, je ne les agressais pas tous. Dieu merci", a-t-il déclaré durant son procès"C'est une phrase brevetée par l'Eglise" réagit mercredi 15 janvier sur franceinfo François Devaux, président de l'association La Parole Libérée et lui-même victime du père Preynat, dont le procès pour agressions sexuelles a débuté mardi à Lyon. 

franceinfo : Comment réagissez-vous face à ces minimisations et à cette phrase : "je ne les ai pas tous agressés, Dieu merci" ?

François Devaux : C'est une phrase brevetée par l'Eglise. C'est un langage malheureux mais qui en même temps met bien les choses en évidence, qui interroge en tout cas sur le pouvoir sacré, sur l'absence de rationalisation face à cette dimension du prêtre. Il incarne le Christ sur terre. On a affaire à quelqu'un qui est identifié par l'expertise psychiatrique comme "pervers narcissique" et qui probablement ne sera jamais soignable. Je m'interroge d'ailleurs un peu sur la détermination des questions du ministère public, de la procureure. Demander clairvoyance à un homme qui a commis autant de crimes sexuels et qui a autant affiché ses déviances psychiques, ses conflits, je trouve que ça n'a pas beaucoup d'intérêt...

Rapprochez-vous cette phrase de celle du cardinal Barbarin, "grâce à Dieu, les faits sont prescrits" ?

C'est mon point de départ depuis toujours. Je trouve qu'il y a dans la structure du catholicisme, dans sa pensée, dans le pouvoir sur les consciences qu'elle détient, il y a un outil pour l'abus qui me semble gigantesque. Cela me semble indispensable d'évoluer là-dessus. Il faut opérer des réformes de fond pour éviter que l'abus, la déviance, ne s'immisce pas dans un système qui le permet. Selon mon expertise, celle que j'ai acquise au travers de ces quatre ans, l'institution catholique permet l'abus et sa pérennisation, sa couverture. Il n'y a aucun système de remise en question.

Cela rejoint aussi une autre phrase du père Preynat à la barre aujourd'hui : "J'obtenais l'absolution, je prenais la résolution de ne plus recommencer, et je retombais" ?

Oui, il savait qu'il s'agissait d'agressions sexuelles, mais il vient les présenter comme un péché, dans le cadre d'une confession. Ça met bien en évidence la schizophrénie, le conflit psychique dans lequel il est. Il est l'incarnation de cette dérive par rapport au code éthique que représentent l'évangile, le pardon et l'absolution.

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