Comment l'Eglise compte lutter contre la pédophilie
Les évêques de France sont réunis à Lourdes (Hautes-Pyrénées), lundi 7 novembre, pour jeûner et prier pour les victimes d'abus sexuels.
La démarche est inédite pour l'Eglise de France. En réponse à l'appel du pape lancé le 12 septembre, les évêques réunis à Lourdes (Hautes-Pyrénées), lundi 7 novembre, vont prier ensemble pour leur "silence coupable" face aux abus sexuels dans l'Eglise catholique.
Une initiative symbolique saluée par certaines victimes, à l'image d'Alexandre, victime du père Preynat, à Lyon, qui témoigne ce lundi dans La Croix : "Cela matérialise la reconnaissance des faits, une prise de conscience des évêques en matière de responsabilité civile mais aussi spirituelle." D'autres, restent plus nuancés. "Ce qu'on attend d'eux en place publique, ce ne sont pas des prières, mais des actes concrets", témoigne Isabelle dans le quotidien d'obédience catholique.
Entre cellules d'écoutes, commission indépendante et formation des prêtres, franceinfo revient sur les principales mesures et chantiers entrepris par l'Eglise de France pour lutter contre la pédophilie.
Mieux recenser les affaires de pédophilie
Mise en place par la Conférence des évêques de France (CEF) en avril dernier, la Commission nationale d’expertise indépendante sur la pédophilie est composée de magistrats, de médecins, de psychologues et présidée par Alain Christnacht, haut fonctionnaire laïc et ancien directeur de cabinet de Christiane Taubira.
Cette commission est chargée de recenser les affaires, nouvelles et anciennes, de pédophilie et de conseiller les évêques qui y sont confrontés, rapporte Le Figaro.
Faciliter les démarches de dénonciations
Dévoilé en juin dernier, le site internet pour lutter contre les abus sexuels sur les mineurs vise à prévenir la pédophilie, à alerter puis agir. À l'aide d'une carte de France, les victimes ou leurs proches peuvent adresser directement un témoignage à l'évêque du diocèse concerné par des faits. Le site propose également un accès à l'adresse mail paroledevictimes@cef.fr. Une rubrique "Comment agir ?" a aussi été mise en place pour aider à mieux prévenir et à détecter les abus.
Selon le site de 20 Minutes, environ 90 victimes se seraient manifestées par le biais de cette boîte mail. La grande majorité d’entre eux, parfois sous couvert d’anonymat, y aurait relaté des faits d’abus anciens, certains remontant aux années 1940, rapporte le site.
Mieux accueillir et écouter les victimes
A l'échelle du diocèse ou de la province ecclésiastique, une "cellule d’accueil et d’écoute" doit être mise en place, selon les annonces de la CEF en avril dernier. Un changement profond au sein de l'Église de France, notamment accusée de négligence dans l'écoute et l'accompagnement des victimes de l'affaire Barbarin.
Ces cellules doivent être coordonnées par la Commission nationale d’expertise indépendante sur la pédophilie précédemment citée.
Mieux former les prêtres et séminaristes
Dernier chantier, la formation et l’écoute des prêtres et séminaristes doit être également renforcée, notamment à travers la désignation de trois prêtres "de personnalités différentes", sans lien hiérarchique, destinés à "apporter un soutien humain et spirituel à tous les prêtres en mission", rapporte l'hebdomadaire La Vie.
Ce qui n'empêche pas les diocèses de se saisir du problème par eux-mêmes. À Lyon, le diocèse envisagerait de faire intervenir un ancien curé condamné pour agressions sexuelles sur mineurs lors d'une journée de formation prévue le 30 mars 2017, rapporte ainsi le site de 20 Minutes.
Lancée il y a deux ans à la suite des révélations d'une affaire d'abus sexuels, cette journée de sensibilisation, facultative jusque-là, est désormais obligatoire pour les 350 prêtres lyonnais.
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