"Aucune communauté humaine n'est parfaite" : des cas d'abus sexuels signalés au sein de l'Église protestante

L'église la plus importante de France chez les protestants participe à la commission Reconnaissance et réparation, mise en place par l'Église catholique, qui se réunit jeudi à Paris.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'Epuf est la première église protestante en France à reconnaître des abus sexuels en son sein. (photo d'illustration) (THOMAS TOUSSAINT / MAXPPP)

Après trois ans d'existence, la commission Reconnaissance et réparation (CRR) fait un premier bilan. La CRR a pour mission de reconnaître et de réparer les victimes d'agressions sexuelles par des religieux ou des religieuses de l'Église catholique. Plus de 1 000 personnes l'ont déjà saisie. La commission se réunit jeudi 12 décembre à Paris sur le thème d'une "expérience de justice réparatrice".

Parmi les participants aux tables rondes de jeudi se trouve l'Église protestante unie de France, l'Epuf, qui adhère à la CRR depuis le 25 octobre dernier. L'église la plus importante de France chez les protestants participe à la commission pour, notamment, reconnaître que les abus existent aussi en dehors du catholicisme.

"Ça me met en colère"

La cellule d'écoute mise en place par l'Église protestante unie de France a été contactée juste avant l'été par des fidèles se disant victimes d'abus. "C'est toujours douloureux d'entendre que l'un des nôtres ait pu faire tant de mal", confie Emmanuelle Seyboldt, la présidente de l'Epuf. Mais cette cellule n'est pas en capacité de répondre pour des faits déjà prescrits. D'où cette adhésion à la CRR, explique sa présidente.

À ce jour, trois victimes se sont manifestées, ce qui a suscité dans les rangs des fidèles beaucoup d'incrédulité, selon Emmanuelle Seyboldt : '"Ah bon ? Mais non, mais pas chez nous ! Mais ce n'est pas vrai !' Alors, je dis : 'Oui, comme dans toute communauté humaine. C'est triste, mais c'est comme ça.' Par contre, une autre réaction qui m'a beaucoup attristée, ce sont les personnes qui disent : 'Mais oui, bien sûr, on était bien au courant.' Et ça, ça me met très en colère. Parce que dire : 'On était bien au courant' et qu'en fait, on a étouffé les choses, c'est insupportable pour moi."

La gratitude des victimes

La question du célibat ne se pose pas pour les pasteurs, entretenant l'idée que les abus ne peuvent pas exister dans les Églises protestantes. Adhérer à la Commission apporte la preuve du contraire. Et les victimes qui se sont signalées éprouvent un grand soulagement, affirme la présidente de l'Epuf : "J'ai eu des mots de gratitude de leur part qui m'ont qui m'ont bouleversée. Ne serait-ce que pour entendre ces mots de remerciement, parce qu'elles vont pouvoir avoir un lieu où elles vont pouvoir déposer leur parole et qu'elles vont être crues. Rien que ces mots de reconnaissance. Je dirais que ça efface tout le reste.'"

"Il faut arrêter à un moment la contagion du malheur."

Emmanuelle Seyboldt, présidente de l'Église protestante unie de France

à franceinfo

"J'ai de la colère envers ceux qui disent : "évidemment, on était bien au courant', ajoute Emmanuelle Seyboldt. Ou des dénégations de personnes qui ne veulent pas voir qu'il n'y a aucune communauté humaine qui est parfaite, il n'y a aucune église qui est parfaite. Je crains qu'il y ait plus de victimes, je le redoute". La responsable protestante espère que d'autres Églises protestantes suivront le même mouvement, en adhérant, elles aussi, à la commission Reconnaisance et Réparation. 

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.