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"Certains sont clairement homophobes" : quand la laïcité est mise à mal par des catholiques dans les lycées

Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer a annoncé vendredi la création d'une "cellule laïcité nationale" dans les prochaines semaines, pour assister les référents qui existent déjà dans chaque académie. Ces derniers règlent des litiges mais essaient aussi de susciter le débat, comme en Bretagne où ils organisent des tables rondes. 

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des lycéens participent à une table ronde sur la laïcité, à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor). (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)

Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer a annoncé vendredi 8 décembre de nouvelles mesures pour garantir la laïcité dans le milieu éducatif, avant un déplacement sur le sujet dans un lycée de l'académie de Créteil, samedi, à l'occasion de la journée nationale de la laïcité. Ainsi, une "cellule laïcité nationale" sera créée dans les prochaines semaines. Composée de juristes et de spécialistes de la radicalisation, elle sera chargée d'assister les référents laïcité qui existent déjà dans chaque académie. 

Ces référents règlent des cas d'atteinte à la laïcité à l'école mais essaient aussi de susciter le débat avec les élèves. Exemple à Saint-Brieuc, dans les Côtes-d'Armor, où des lycéens participent à des tables rondes. 

Des problèmes de laïcité avec les catholiques

Quand on parle de laïcité, on pense souvent en miroir à l'islam radical. Ce cliché n'existe pas dans les lycées des Côtes-d'Armor, d'après les lycéens de Lamballe, Dinan ou Loudéac par exemple. Cette notion paraît assez lointaine aux élèves. "Nous-mêmes, on accorde peu d'importance à notre propre religion", témoigne l'un d'eux. Il n'a pas connaissance de cas grave d'atteinte à la laïcité. "Je ne me suis jamais dit : 'La laïcité ici c'est moyen'." Pour autant, en Bretagne, l'école doit faire face à d'autres extrêmismes religieux, portés souvent par les catholiques radicaux.

Nous avons d'autres situations qui pointent la difficulté pour la citoyenneté et la laïcité de s'exprimer totalement dans nos établissements

Thierry Terret, recteur de l'académie de Rennes

à franceinfo

Il cite notamment des "faits de discriminations en direction de l'orientation sexuelle ou de l'apparence physique". Maïwenn, élève en classe de terminale à Lamballe, confirme ces discriminations. "Dans certains lycées, il y a des élèves qui sont un peu extrêmes. Le mariage homosexuel a été voté il n'y a pas si longtemps que ça, donc c'est un peu un sujet 'chaud'." Elle affirme : "Certains sont clairement homophobes." 

Des lycéens demandeurs d'échanges sur le sujet

Les lycéens bretons estiment donc qu'il est important de parler de la laïcité à l'école. "Si on est au lycée c'est pour apprendre des choses mais aussi pour devenir des citoyens avec des valeurs de la République", estime Maïwenn. Elle affirme que ces valeurs ne sont pas forcément connues dans certains lycées.

On ne comprend pas bien ce qu'est la laïcité. On ne fait pas trop la différence entre la religion et l'école, quelle rôle elle peut avoir là-dedans et quel est le rôle des familles.

Maïwenn, lycéenne dans les Côtes-d'Armor

à franceinfo

Pour sensibliser les élèves à cette question, le rectorat de Rennes organise des débats sur la laïcité entre lycéens, avec des lectures de textes. "Les discriminations sont encore nombreuses, liées au sexe, aux tendances sexuelles, au handicap, à la couleur de peau", lit ainsi une jeune fille. "Ils sont très demandeurs d'échanges nourris, de compréhension", assure Sandrine Betrancourt, référente laïcité de l'académie de Rennes. "Par exemple, les lycéens nous font remonter, à chaque fois qu'on les rencontre, que l'enseignement moral et civique est très important pour eux."

Trop peu d'heures de cours selon les élèves

Problème : les lycéens trouvent que l'enseignement moral et civique n'est justement pas aussi présent qu'il devrait l'être. Cette discipline est en effet obligatoire. "On est censés avoir une heure toutes les deux semaines en bac général. Au mois de décembre, on n'en a toujours pas fait", déplore ainsi un élève.

"Personnellement, en cours d'EMC, j'ai l'impression qu'on tourne autour du pot. On n'a pas l'impression d'en faire." Il conclut : "Si l'on ne réfléchit pas à la laïcité au lycée, on aura sans doute peu d'occasion de le faire ensuite, dans notre vie adulte."

Le reportage de Solenne Le Hen à Saint-Brieuc

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