L'enseignant qui dénonçait les dérives du lycée musulman Averroès a été condamné
Le 6 février, Soufiane Zitouni avait publié une tribune intitulée "Pourquoi j'ai démissionné du lycée Averroès". Il a été condamné à verser 20 euros au lycée, pour diffamation et injure non publiques. Il va faire appel.
Le professeur de philosophie qui avait vivement critiqué, dans Libération, le lycée musulman Averroès de Lille a été condamné, vendredi 4 septembre, pour diffamation et injure non publiques. Il a promis de faire appel. Le 6 février, Soufiane Zitouni avait publié une tribune intitulée "Pourquoi j'ai démissionné du lycée Averroès", dans laquelle il accusait les responsables du premier établissement privé musulman sous contrat avec l'Etat de diffuser "de manière sournoise et pernicieuse une conception de l'islam qui n'est autre que l'islamisme".
Moins d'une semaine après, la direction du lycée lillois avait lancé une procédure judiciaire par citation directe, rédigée sur la base de propos similaires tenus par le professeur de philosophie dans un courriel adressé à plusieurs collègues. Vendredi, le tribunal a donné raison au lycée, estimant que Soufiane Zitouni n'avait pas apporté "d'éléments et de preuves de nature à justifier ses critiques".
Condamné à verser 20 euros au lycée
L'enseignant a été condamné à verser 10 euros pour diffamation non publique et 10 autres euros pour injure non publique. Il devra également verser 1 euro symbolique pour les dommages et intérêts que réclamait le lycée et 500 euros pour les frais de procès. "Un homme ne peut pas calomnier sur la place publique plus de 600 personnes sans apporter la preuve de ce qu'il avance, alors qu'il y a un rapport de l'Education nationale qui vient de démentir point par point tout ce qu'il a avancé", a réagi l'avocat de l'association gérant le lycée, Hakim Chergui, se félicitant de la décision.
Le rectorat avait rédigé en février un rapport d'inspection, dans lequel il estimait que le lycée respectait "globalement" les termes de son contrat avec l'Etat. Il pointait toutefois une confusion entre l'enseignement d'éthique musulmane et la philosophie.
Soufiane Zitouni, de son côté, a déclaré à la presse trouver "complètement injuste qu'on [le] juge coupable pour avoir dénoncé des choses graves". "Je vais faire appel, prendre un avocat et il y aura un vrai procès avec des preuves tangibles."
A l'audience du 29 mai, le professeur avait dénoncé notamment les "réactions épidermiques" des élèves à la théorie de l'évolution de Darwin, les positions pro-Hamas de certains professeurs ou encore la prescription du port du voile comme "obligation religieuse" par un imam lors du prêche du vendredi.
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