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"C'est un faux débat" : à la mosquée de Créteil, les musulmans sont peu convaincus par les annonces du président sur "le séparatisme islamiste"

Une grande majorité des fidèles à la mosquée de Créteil estime que le gouvernement se sert de l'islam pour éviter de parler de la situation économique ou sociale.

Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La mosquée de Créteil (Val-de-Marne), le 4 décembre 2008 (photo d'illustration). (MEHDI FEDOUACH / AFP)

"On est d'accord sur le principe, mais ce n'est pas le problème majeur des Français", regrette Reda devant la grande mosquée de Créteil, dans le Val-de-Marne, lors de la prière du soir, mardi 18 février. Plus tôt dans la journée, le président de la République, en déplacement à Mulhouse (Haut-Rhin), a annoncé dans un discours consacré aux risques du "séparatisme islamiste" sans faire "un plan contre l'islam". Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures contre les "influences étrangères" sur l'islam.

La France va notamment progressivement cesser d'accueillir des "imams détachés" envoyés par d'autres pays en augmentant parallèlement le nombre d'imams formés dans l'Hexagone. "La formation des imams ça ne date pas d'aujourd'hui, depuis une trentaine d'années, des imams sont formés. C'est un faux débat", estime Reda.

"Des bons et des mauvais, il y en a partout"

Parmi les fidèles à Créteil, il y a Jihad, âgé de 29 ans qui estime qu’"il n'y a pas de musulmans français, de musulmans de Belgique, de musulmans des États-Unis". Pour lui, on est "musulman et basta, c'est tout et chacun fait sa vie. Après, on veut faire des écoles en France, on peut le faire mais ça va être politisé et on aura d'autres problèmes par la suite". Mohammed, 62 ans, est sur la même longueur d'onde : "Moi, quand je viens faire ma prière, que ce soit un imam formé en France ou un imam formé ailleurs, ça ne me regarde pas. Des bons et des mauvais, il y en a partout."

Je dirais que c'est de la politique politicienne.

Mohammed, 62 ans

à franceinfo

À vrai dire à la mosquée de Créteil, la grande majorité des fidèles comme Reda estime que le gouvernement se sert de l'islam pour éviter de parler de la situation économique ou sociale. "Depuis plus d'un an, on n'a jamais entendu les 'gilets jaunes' parler de communautarisme de l'islam, explique-t-il. Cette pièce de théâtre ou ce sketch, les Français l'ont déjà vécu et ils en ont marre. Ils ont envie que le président de la République et le gouvernement s'attardent plus aux vrais problèmes des Français : le pouvoir d'achat".

C'est un problème propre à la communauté musulmane. Laissez les musulmans gérer ce problème.

Reda

à franceinfo

Reda, Mohammed, Jihad et les autres, estiment tous que le président de la République se sert de de l'islam à des fins politiques à quelques semaines des élections municipales.

À la mosquée de Créteil, les musulmans sont peu convaincus par les annonces du président sur "le séparatisme islamiste" - Le reportage de Valentin Dunate

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