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Réforme des retraites : la Toussaint va-t-elle sonner le glas de la mobilisation ?

Qu’est-ce que tu fais pour les vacances ?... je cherche de l’essence ! Au-delà de la contestation sur le fond, qui a encore mobilisé mardi entre 1,1 et 3,5 millions de manifestants contre la réforme des retraites, se posent aujourd’hui des questions de forme…. et de calendrier. A la veille des vacances de la Toussaint et après plus de 10 jours de blocage dans certains secteurs, comme celui des raffineries, le mouvement risque l'épuisement.
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France ©RADIO FRANCE / Laetitia de Germon)

Alors que les représentants des principales organisations syndicales se réunissent cet après-midi pour décider de la suite à donner au mouvement contre la réforme des retraites, notamment après le vote de la loi au Sénat, les vacances de la Toussaint qui débutent ce weekend pour toutes les académies risquent elles aussi de donner un sérieux coup de frein à la mobilisation.
_ D'ores et déjà, plusieurs leaders syndicaux se sont prononcés en faveur d'une nouvelle journée d'action : Bernard Thibault, pour la CGT, et Alain Olive, de l'UNSA. C'était sur France Info, à la mi-journée :

Premiers concernés, les lycéens et étudiants, dont beaucoup ont rejoint le mouvement de contestation depuis le début de la semaine. Venus en nombre grossir les cortèges de manifestants mardi - entre 180.000 et 190.000 jeunes, selon leurs syndicats - ils étaient près d’un millier hier encore devant le Sénat, où le texte est actuellement débattu. Une mobilisation qui n’est pas que parisienne. En Basse-Normandie par exemple, une vingtaine de lycées sur 70 étaient toujours perturbés hier, voire totalement bloqués. A la veille des vacances scolaires, on peut parier qu’ils seront encore nombreux à répondre à l’appel des syndicats lycéens Unl et Fidl mais aussi de l'Unef, première organisation étudiante, qui appellent à une nouvelle journée d'actions et de manifestations ce jeudi partout en France.

Mais leur détermination survivra-t-elle aux vacances ? Ce qui est sûr c’est que d’ici là, les mouvements de grève et le blocage des sites pétroliers notamment pourraient finir par peser sur le moral des troupes, jeunes et moins jeunes, et par rendre le mouvement impopulaire, alors que 59% des Français se disaient favorables hier encore "à ce que les syndicats poursuivent leurs appels à des mouvements de grèves et des manifestations" (selon le résultat du baromètre BVA-Absoluce-Les Echos-France Info). Car, conséquence très concrète de la pénurie d'essence et du blocage des 12 raffineries françaises, à l’arrêt depuis plus d’une semaine, nombre d'entreprises connaissent aujourd’hui de vraies difficultés, certaines ayant déjà eu recours au chômage technique.

Malgré les mesures du gouvernement pour mettre fin à cette paralysie à la pompe, il ne faut pas attendre de retour à la normale dans les stations-service avant le milieu de semaine prochaine, estime Frédérique Plan, porte-parole des distributeurs indépendants et membre de la fédération française des combustibles. Une mauvaise nouvelle pour ceux qui comptaient prendre leur voiture pour partir en vacances ce week-end. Du côté des trains, secteur lui aussi touché par des mouvements de grève, la SNCF devrait publier ce soir ses prévisions de trafic pour la fin de la semaine. Enfin dans le ciel, la CGT Transports promet d’essayer de faire en sorte que les avions décollent, au moins samedi et dimanche, "de façon à ce que ça ne pénalise pas trop les vacances". Trop aléatoire, ont estimé certains vacanciers qui, déjà, ont renoncé à partir pour la Toussaint. Conséquence, le secteur du tourisme enregistre 5 à 10% d’annulations dans les hôtels sur le premier week-end, auxquelles il faudra rajouter les désistements de dernière minute.

Du côté du gouvernement en revanche, pas de changement de cap. " Nous sommes déterminés à mener cette réforme jusqu’au bout ", affirmait encore ce matin le ministre de l’Industrie Christian Estrosi. Le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer (UMP) affirmait pour sa part espérer un vote définitif du projet de réforme de retraite par le Parlement " dans le courant de la semaine prochaine ", et en plein milieu des vacances donc.

Cécile Mimaut

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