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Réactions à la politique familiale du gouvernement : du "moindre mal" au "matraquage fiscal"

Le gouvernement a annoncé lundi de nouvelles mesures en terme de politique familiale, notamment une baisse du plafond du quotient familial de 2.000 à 1.500 euros par enfant. Cette mesure, censée rapporter 1,7 milliard d'euros en 2016, est critiquée par l'UMP qui dénonce un "matraquage fiscal". Pour plusieurs associations familiales, il s'agit d'un "moindre mal", de la "solution la moins pire".
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Maxppp)

Le gouvernement a tranché lundi en faveur d'une baisse du plafond du quotient familial, de 2.000 euros à 1.500 euros par demi-part, pour renflouer les caisses de la branche famille de la Sécurité sociale, avant de s'attaquer à la branche retraite à l'automne.

En choisissant cette mesure plutôt qu'une réduction des allocations pour les ménages les plus aisés, un temps envisagée, le gouvernement a choisi la solution la moins polémique. "Il fallait lutter contre le déficit croissant de la branche famille, dans la justice, sans toucher à l'universalité des allocations familiales ", explique sur France Info la députée socialiste de Haute-Garonne, Catherine Lemorton.

"Le courage est de rompre avec la politique de prestations à crédit que les précédents gouvernements ont menée avec désinvolture et qui a conduit à la spirale de déficits ", a également réagi Bruno Le Roux, président des députés PS. "Le Parti socialiste salue une grande réforme, de  courage et de justice ", a également indiqué Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste.

Un "moindre mal"

L'exécutif a choisi l'option la moins risquée politiquement, et pourtant, cette mesure est loin de faire l'unanimité. Pour certains, il s'agit d'un "moindre mal ", la "moins pire des solutions " notamment pour le vice-président du MoDem Robert Rochefort. C'est le cas également pour le président de l'Union nationale des associations familiales (Unaf), François Fondard : "On ne remet pas en cause l'universalité, mais on sait que ce sera douloureux pour les familles ".

Même chose pour le président de la Caisse nationaliste d'allocations familiales (Cnaf), Jean-Louis Deroussen. "C 'est forcément un moindre
mal, mais à partir du moment où le gouvernement a choisi de faire un milliard d'euros d'économies, il faut remarquer que des familles qui aujourd'hui ne sont pas
dans la catégorie des familles aisées, vont se voir directement pénaliser
", explique-t-il, citant par exemple des familles qui deviendraient imposables à cause de la baisse du plafond du quotient familial.

"Je ne sais pas si c'est la bonne solution, mais c'est la moins mauvaise"

Pour le sociologue Gilles Séraphin la solution adoptée par le gouvernement est la "moins mauvaise ". "L'autre piste
étudiée par le gouvernement, la modulation des allocations pour les ménages les plus aisés, avait plusieurs inconvénients. Cela revenait notamment sur le principe de
base de la Sécurité sociale, selon lequel chacun contribue selon ses revenus
mais bénéficie selon les besoins, c'est-à-dire selon le nombre d'enfants. Cette réforme aurait été plus injuste
", juge-t-il.

"Une partie des familles est discriminée" 

Pour le directeur de l'association Familles de France, Thierry Vidor, cette mesure est "discriminante ". "O n est très inquiet, on voit
que de nouveau les familles sont attaquées, la politique familiale pour tous
n'est plus de mise en France, une partie des familles est discriminée
", explique-t-il sur France Info. "Cela va à l'encontre de la volonté du gouvernement d'agir pour la croissance, cela va à l'encontre de la volonté du gouvernement de proposer aux femmes un métier, un emploi qui soit égal à celui des hommes, car beaucoup des femmes vont revenir à leurs casseroles ", ajoute-t-il.

Un "matraquage fiscal" pour l'UMP

Au delà des associations familiales, c'est aussi l'UMP qui monte au créneau contre la politique familiale du gouvernement. Pour le
député UMP de la Drôme, Hervé Mariton, il s'agit "d'une mesure, injuste,
incohérente et lâche
". "On nous dit que les familles riches vont
payer, mais vous pensez qu'il y a un million et demi de familles riches en
France ? Il n'y a hélas pas tant de riches en France
", explique-t-il.

"C'est la casse de la politique familiale qui est en train de commencer ", commente également Philippe Gosselin, député UMP et membre de l'entente parlementaire pour la famille. "Par ailleurs le président de la République s'était engagé à ne pas augmenter les impôts, c'est une promesse aussitôt dite aussitôt bafouée ", ajoute-t-il.

 

Enfin, pour la présidente du Front national Marine Le Pen, cette mesure "n'a évidemment rien de social, elle va
toucher de plein 
fouet les classes moyennes ". "Moi j'aurais supprimé les
allocations familiales qui sont versées aux étrangers dans notre
pays
", a-t-elle déclaré lundi. 

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