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Quand l'assainissement devient un business...

L’association de consommateurs CLCV dénonce les dérives de l'assainissement, dans un livre noir publié aujourd'hui. Cinq millions de foyers ne sont pas raccordés au tout-à-l’égout et sont donc concernés par les dérives d’un service public transformé en véritable business.
Article rédigé par franceinfo
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Franceinfo (Franceinfo)

Prenons l'exemple de cette habitante de Goméné, dans les Côtes d’Armor. Claude Réveillaut habite une maison isolée. Ses eaux usées ne vont pas dans les égouts mais dans sa fosse septique.

Pour éviter une installation trop polluante pour l’environnement, des contrôles des fosses septiques existent depuis 1992, mais ils ont été renforcés par la loi Grenelle 2. Ainsi, Claude et plusieurs de ses voisins ont vu la fréquence et le prix de ces contrôles grimper jusqu’à 150 euros.

"Le premier contrôle s’est bien passé mais deux ans après, on nous a informé que l’on serait contrôlés tous les quatre ans et que ce serait payant. Il y a des contrôles qui se passent mal en cinq minutes montre en main. Un vieux monsieur qui n’avait pas réussi à ouvrir les couvercles en béton de sa fosse s’est retrouvé avec un trou dans son jardin" , raconte-t-elle.

Aujourd’hui l’association locale de Claude Réveillaut compte plus de 600 personnes. D’autres associations du même type ont rejoint la CLCV (association Consommation Logement Cadre de vie) pour dénoncer aussi des injonctions de travaux, pour refaire les fosses. Des contrôles jugés trop systématiques avec des travaux pouvant aller jusqu’à 15.000 euros.

Pour Stéphane Bernhard, juriste à l’association, ces problèmes n’ont aucun rapport avec le fait de ne pas polluer l’environnement. "On arrive à des taux de réhabilitation de 80%, c’est beaucoup trop. En priorité ce qui doit être refait ce sont les zones vraiment sensibles comme les zones de baignade ou de conchyliculture. On sent que les professionnels sont attirés par le juteux marché de réhabilitation des installations et qu’ils poussent les agents des services de l’eau à faire des rapports très critiques ", explique-t-il.

La CLCV demande plus de clarté aux élus et aux professionnels des services publics d’assainissement non collectifs. Ils se réunissent justement sur cette question mercredi et jeudi à Metz.

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