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Surpopulation, réinsertion difficile... Après 10 ans d'exercice, la contrôleure des prisons dresse un tableau très sombre

En prison, "les préoccupations sécuritaires prennent de plus en plus souvent le pas sur les autres objectifs de la détention", déplore le rapport.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La prison de Fleury-Mérogis (Essonne), le 19 janvier 2018. (JULIEN MATTIA / NURPHOTO / AFP)

Prisons, centres de rétention, hôpitaux psychiatriques : la contrôleure générale des lieux de privation de liberté Adeline Hazan dresse un tableau très sombre dans son rapport annuel, publié mercredi 28 mars. Alors que cette autorité indépendante fête ses dix ans, elle s'inquiète notamment de "reculs" des droits.

Le Contrôle général des lieux de privation de liberté (CGLPL) a été créé par une loi fin 2007, avec la mission de veiller au respect des droits fondamentaux des personnes privées de liberté. En 2017, des contrôleurs ont visité 148 établissements : des prisons, des locaux de garde à vue, des hôpitaux psychiatriques, des centres de rétention administrative (pour les étrangers) ou des centres éducatifs fermés (pour les mineurs).

"Depuis la date de création du CGLPL, le contexte a changé", souligne Adeline Hazan. "En 2007, l'idée que l'enfermement ne pouvait s'accompagner de violations des droits fondamentaux paraissait avoir fait son chemin", poursuit-elle. Puis "la notion de dangerosité a inspiré plusieurs lois votées dans un contexte nouveau, celui des attentats terroristes, de l'état d'urgence, de la crise migratoire".

"Le temps de l'action est venu"

Ces lois marquent "un renforcement de la surveillance et un affaiblissement du rôle des juges", regrette Adeline Hazan, contrôleure générale depuis 2014.

[En prison], les préoccupations sécuritaires prennent de plus en plus souvent le pas sur les autres objectifs de la détention.

Adeline Hazan

Par exemple, "la timidité devant les demandes de permission de sortie rend des démarches de réinsertion impossibles".

Le principal fléau des prisons, la surpopulation, continue de "s'aggraver". Au 1er décembre, 69 714 personnes étaient détenues pour 59 165 places. Cela constitue "un obstacle à la mise en oeuvre d'un véritable travail de réinsertion et de lutte contre la récidive", dénonce le rapport, publié après une vaste mobilisation des gardiens de prison en janvier contre leurs conditions de travail.

"Le temps de l'action est venu", estime Adeline Hazan, qui a bouclé ce rapport avant le discours d'Emmanuel Macron, le 6 mars, sur la réforme du système des peines prévoyant de réserver la prison aux cas les plus graves et de développer les peines en milieu ouvert.

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