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Prise d'otages à Conde-sur-Sarthe : "Ce détenu était dangereux et imprévisible"

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

Le député de l'Orne Joaquim Pueyo, ancien directeur de prison, a déjà eu à gérer le preneur d'otages à plusieurs reprises. 

Deux surveillants de prison ont été pris en otage dans la soirée du mardi 11 juin au centre ultra-sécurisé de Condé-Sur-Sarthe (Orne) par un détenu, Francis Dorffer. Son nom est associé à au moins cinq autres prises d'otages en prison. Francis Dorffer, qui s'est rendu dans la nuit sans avoir blessé les deux surveillants qu'il retenait, réclamait son transfert pour être plus proche de sa famille. Ce détenu "peut rester pendant des mois sans présenter de difficultés et passer à l'acte avec une idée en tête", s'est souvenu mercredi sur franceinfo Joaquim Pueyo, député socialiste de l'Orne, ancien directeur des prisons de Fresnes (Val-de-Marne) et de Fleury-Mérogis (Essonne), qui a eu l'occasion de gérer le détenu.

franceinfo : Aviez-vous déjà croisé la route de Francis Dorffer ?

Joaquim Pueyo : À deux reprises. Quand j'étais à l'inspection des services pénitentiaires, c'est moi qui ai fait l'enquête lorsqu'il a tué son codétenu. J'avais été frappé par cette personnalité. Quelques années plus tard, lorsqu'il a fait une prise d'otages à Nancy, il a été transféré à la prison de Fleury-Mérogis que je dirigeais. Je l'avais placé à l'isolement, pour plusieurs motifs, notamment parce que j'ai trouvé que ce détenu était dangereux et qu'il était absolument imprévisible dans son comportement. J'avais attiré l'attention des surveillants sur sa prise en charge.

Cela signifie-t-il que vous n'avez pas été surpris quand vous avez appris qu'il était de nouveau passé à l'acte ?

Non, je n'ai pas été surpris. Je ne connaissais pas son nom mais j'ai automatiquement pensé à ce profil. Lorsqu'on m'a confirmé le nom, je n'ai pas été surpris de son comportement. C'est un détenu qui a un profil très lourd parce qu’il est imprévisible. Il peut rester pendant des mois sans présenter de difficultés et passer à l'acte avec une idée en tête. C'est ce qui s'est passé hier soir à la prison de Condé-sur-Sarthe.

Francis Dorffer est en prison depuis près de vingt ans. Est-ce que l'on a affaire à quelqu'un qui n'a absolument rien à perdre ?

C'est la question des détenus qui ont ce genre de profil. Ils doivent exécuter une très longue peine et c'est d'ailleurs à l'origine pour ce motif qu'on a souhaité mettre en place des établissements sécuritaires avec des effectifs réduits. C'est le cas de Condé-sur-Sarthe. Il faut réfléchir et peut-être retrouver d'autres modalités de prise en charge. Est-ce qu'il est vraiment suivi par les médecins psychiatres ? Je pense que oui mais nous avons un déficit de médecins psychiatres dans les établissements pénitentiaires. C'est des sujets qui sont vraiment profonds et qu'il faut traiter. Les services pénitentiaires le font, mais on voit que ce genre d'actes perturbe le fonctionnement. C'est aussi une réelle difficulté pour les surveillants parce que ce n'est pas facile de gérer ce genre de détenus. Ils sont imprévisibles, peuvent passer à l'acte et devenir très dangereux.

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