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Manifestation en faveur des prisonniers basques : les mesures d'exception sont aujourd'hui "hors d'actualité", estime un ex-militant séparatiste

L'ex-militant séparatiste, Gabriel Mouesca, le régime d'exception pour les prisonniers basques est aujourd'hui "hors d'actualité" car "nous sommes dans un processus de paix". Il demande que les textes de droit commun leurs soient appliqués.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Gabriel Mouesca, figure historique de l'organisation séparatiste basque clandestine Iparretarrak et ex-président de l'Observatoire international des prisons.  (MAXPPP)

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi 9 décembre à Paris à l'appel d'organisations et d'élus du Pays basque, pour demander la fin du régime d'exception pour les prisonniers basques. Pour Gabriel Mouesca, figure historique de l'organisation séparatiste basque clandestine Iparretarrak et ex-président de l'Observatoire international des prisons, "ces mesures sont aujourd'hui hors d'actualité" dans un contexte de processus de paix. 

franceinfo : En quoi cette politique d'éloignement spécifique aux basques est-elle obsolète ?

Gabriel Mouesca : La mesure était une conséquence directe de la réaction de l'Etat français à l'existence d'un conflit au Pays basque. C'était une façon de faire payer l'engagement des hommes et des femmes qui étaient dans les organisations basques. C'était "de bonne guerre", mais le fait est que, depuis six ans, nous sommes dans un processus de paix. Ces mesures sont donc hors actualité. Aujourd'hui, la volonté est manifeste d'une majeure partie de la population du territoire basque et de la quasi-totalité des élus de tourner la page de ce passé douloureux. Nous considérons que la situation des prisonniers basques doit évoluer. Cela passe dans un premier temps par l'application des textes de droit commun. On veut que les prisonniers basques bénéficient des mêmes mesures que celles qui touchent la totalité des prisonniers.

L'ETA a renoncé à la lutte armée en octobre 2011. Selon vous, le droit commun est-il appliqué aujourd'hui aux prisonniers basques ?

Non. Par exemple, l'éloignement systématique des prisonniers basques. C'est manifestement attentatoire à un droit fondamental des prisonniers, qui est le maintien du lien familial. Nous avons aussi des prisonniers gravement malades. La loi en France permet de libérer ces gens-là. Nous demandons en particulier la libération d'un malade qui a une grave sclérose en plaques, pour être soigné dans la dignité. Autre élément, nous avons des prisonniers qui pourraient très bien être libérés sous forme de liberté conditionnelle. Malheureusement, ce n'est pas possible. Lorsque l'ETA était en activité, les militants bénéficiaient de libertés conditionnelles. Et depuis qu'elle a arrêté son activité, on constate que ce n'est plus le cas.

Qu'est-ce qui bloque selon vous ?

Je pense que nous sommes à la veille de changements relativement importants. Depuis des mois il y a des rencontres officielles au niveau du ministère de la Justice. C'est un élément important qui présage d'un changement dans la politique menée au niveau carcéral vis-à-vis des prisonniers politiques basques.

Le pays basque français a-t-il les moyens et les structures pour accueillir les prisonniers politiques ?

Pas au Pays basque français. Mais au centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan, qui se trouve à une heure et demi de Bayonne, par exemple, il y aurait facilement la possibilité d'accueillir la totalité des prisonniers basques actuellement incarcérés dans les prisons françaises.

La montée des nationalistes corses aux dernières élections peut-elle faire bouger les choses, étant donné que les Corses ont les mêmes revendications que les Basques ?

Tout à fait, nous sommes dans une situation historique très importante. L'Etat français a l'opportunité de tourner la page de deux conflits qui ont semé le trouble, la violence et la douleur pendant des décennies. Nous espérons vraiment, autant en Corse qu'au Pays basque, la voie de la sagesse, que la résolution des conflits se fasse dans les meilleurs délais.

Vous bouclez aujourd'hui, avec cette manifestation, le tour de France des prisons, avez-vous prévu d'autres actions ?

Il y a aujourd'hui des rencontres qui se font à un haut niveau avec des délégations. On espère que ce travail-là va vite amener des résultats effectifs. En particulier le rapprochement de l'ensemble des prisonniers politiques basques. Pour le reste, il y a une volonté d'aborder la question des victimes. Nous sommes dans un processus de paix et il est évident pour nous que la question des victimes doit être aussi abordée. C'est un incontournable. Nous allons nous y attaquer avec détermination.

Prisonniers basques : les mesures d'exception sont aujourd'hui "hors d'actualité", estime l'ex-militant séparatiste Gabriel Mouesca

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