Livre blanc de la pénitentiaire : "La société civile s'est détournée de ses prisons", estime un sénateur LR
Un livre blanc sur l'avenir des prisons a été remis au ministre de la Justice mardi. Son auteur, l'ex-sénateur Les Républicains Jean-René Lecerf, était l'invité de franceinfo.
Renoncer aux grandes prisons, dynamiser les alternatives à l'incarcération, adapter les établissements aux profils des détenus : un livre blanc sur l'avenir des prisons a été remis, mardi 4 avril, au ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas. Invité de franceinfo, son auteur, l'ex-sénateur Les Républicains Jean-René Lecerf, explique que ses 24 propositions doivent permettre "d'avoir une prison dont nous n'aurions plus honte".
franceinfo : N'avez-vous pas peur qu'à trois semaines de la présidentielle, votre livre blanc finisse au fond d'un tiroir ?
Jean-René Lecerf : Il y a très longtemps que je m'occupe des prisons et j'ai remarqué qu'il y avait à gauche, à droite et au centre, des gens qui considéraient que la prison était effectivement une grande cause nationale, et que notre conception des valeurs de la République était en cause. Quand je regarde la campagne présidentielle, je vois que les candidats principaux font une place aux établissements pénitentiaires. Et ils seront contents de trouver un travail tout fait. Notre seule ambition, c'est d'être utile, de faire des propositions qui permettraient d'avoir une prison dont nous n'aurions plus honte, dont nous ne détournerions plus les regards, mais qui serait la prison de la République.
Quand vous recommandez de "dynamiser la recherche d'alternatives" à l'incarcération, que voulez-vous dire concrètement ?
Je demande simplement qu'on applique la loi. La loi a déjà tout dit, que cela soit la loi pénitentiaire de 2009, ou la loi Taubira, beaucoup plus récente. Elles ont prévu, par exemple, qu'en matière correctionnelle, la prison était l'exception, que l'aménagement de peine devait être la règle. Elles ont prévu que pour éviter que des prévenus soient systématiquement incarcérés, il fallait développer l'assignation à résidence sous surveillance électronique. Elles ont prévu également toute une série d'aménagements dans la vie carcérale pour permettre la réinsertion des personnes, comme par exemple l'obligation d'activité. Rien de tout cela n'est réellement mis en œuvre de manière volontariste.
Pour quelles raisons ?
Parce que la société civile s'est détournée de ses prisons. Et tout cela nous amène à avoir l'impression du rocher de Sisyphe : on crée 13 000 places, puis 5 000 places, puis encore 13 200 places… Et quelques années après, c'est la même question qui se pose, c'est la même sur-occupation. Regardez la prison de Villepinte : plus de 200% de population ! C'est pour cela que la société civile doit entrer dans les prisons. Il faut que les départements y mettent à disposition leurs compétences sociales, leur savoir-faire sur le retour à l'emploi de personnes en exclusion. Il faut que les régions mettent en œuvre leurs compétences sur la formation professionnelle. C'est comme cela qu'on arrivera à faire des prisons républicaines.
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