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"Les personnels sont désœuvrés face à ces actes" : depuis janvier, 11 détenus se sont suicidés à la prison de Fleury-Mérogis

Syndicats de personnel et associations tirent la sonnette d'alarme sur le manque de surveillants pénitentiaires au sein de la maison d'arrêt de l'Essonne ainsi que l'absence de transparence de la part de l'administration.

Article rédigé par Mathilde Lemaire - Edité par Alexandre Barlot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'entrée de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), le 6 mai 2009. (NATHANAEL CHARBONNIER / RADIO FRANCE)

La prison de Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, vit depuis le début de l'année une vague de suicides. Mardi 7 août, un onzième détenu s'est donné la mort dans sa cellule, ce qui est autant qu'au cours des deux années précédentes. Comme à chaque suicide en prison, l'administration pénitentiaire ouvre une enquête judiciaire. Le parquet comme le ministère de la Justice se disent préoccupés face à une telle série, sans toutefois trouver de réelle explication. "Les personnels sont désœuvrés face à ce genre d'acte", explique Alexandre Kabi, représentant local Ufap/Unsa Justice.

C'est une situation qui n'est jamais facile à vivre pour les personnels qui découvrent la personne décédée.

Alexandre Kabi

à franceinfo

Dans la plus grande prison d'Europe, qui compte 4 300 détenus, deux tiers des surveillants sont des stagiaires et ont moins d'un d'expérience. Les syndicats pénitentiaires y déplorent un manque de personnels, notamment soignants pour prendre en charge les détenus fragiles. Selon Alexandre Kabi, les surveillants "n'ont plus les moyens de prendre du temps avec les détenus, y ajouter un grain de social. Un surveillant pour 90 détenus avec la meilleure volonté du monde, ce n'est pas possible d'échanger comme on souhaiterait le faire au quotidien". Pour le représentant local Ufap/Unsa Justice, "Fleury, c'est une usine carcérale".

Des profils qui soulèvent des questions

Parmi les 11 suicides depuis janvier, il y a notamment un homme condamné à trois mois, car il ne payait pas ses billets de transports, ou encore une femme en attente de son procès qui était en détention provisoire depuis trois ans. Des situations qui posent questions selon l'Observatoire international des prisons. "Il y a eu deux inspections qui ont rendu un rapport et nous on demande que ce rapport soit rendu public parce que cela permettra de voir s'il y a eu des incidents, s'il y a eu des accrochages avec des personnels", demande François Bès. Malheureusement, "à l'heure actuelle, avec le manque de transparence du ministère de la Justice et de l'administration, on n'est pas en mesure de savoir s'il peut y avoir des causes spécifiques à Fleury-Mérogis", regrette l'un des porte-parole de l'Observatoire.

L'administration pénitentiaire dit prendre la situation au sérieux et promet la mise en place d'un dispositif déjà existant dans 14 prisons : celui dit du codétenu de soutien. Des psychologues forment certains prisonniers à l'écoute de leurs codétenus les plus fragiles. Le taux de suicide est en France 6 fois plus élevé en prison qu'à l'extérieur.

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