L'Observatoire international des prisons appelle le gouvernement "à publier les vrais chiffres" de la surpopulation carcérale
L'Observatoire international des prisons appelle le gouvernement "à publier les vrais chiffres" de la surpopulation carcérale dans un communiqué diffusé jeudi 30 mai, alors que les prisons françaises n'ont jamais autant accueilli autant de détenus. Selon les derniers chiffres publiés en avril par le ministère de la Justice, 77 450 détenus sont incarcérés, un niveau sans précédent en France.
Mais selon l'Observatoire international des prisons, "le ministère de la Justice publie consciemment des taux d'occupation largement sous-estimés". Pour la troisième année consécutive, l'OIP a procédé à un recalcul à partir des données au 1er janvier publiées par l'administration pénitentiaire. "La situation déjà affolante de nombre de quartiers pénitentiaires surpeuplés est pire encore que celle que le gouvernement accepte de rendre publique", constate l'Observatoire. "Les vrais taux d'occupation des quartiers dédiés aux hommes détenus au 1er janvier 2024 sont supérieurs de 1 à 10 points dans 48 quartiers pénitentiaires, de 10 à 20 points dans 33 prisons, de 20 à 40 dans 25, et de plus 40 points dans 9 d'entre elles", est-il écrit dans le communiqué.
Taux d'occupation à plus de 200%
L'Observatoire international des prisons cite l'exemple de la prison de Perpignan dans laquelle "le taux d'occupation bondit de 201 à 259% dès lors que sont exclues les données relatives aux femmes, aux enfants et à la semi-liberté". À la prison de Lons-le-Saunier, "le simple retrait des données relatives à la semi-liberté conduit à une explosion du taux d'occupation du quartier maison d'arrêt dédié aux hommes détenus de 203,3% à plus de 280%", cite encore le communiqué. La situation est également "dramatique" en termes de nombre de quartiers pénitentiaires "occupés à plus de 200%".
"Face à la gravité de ces constats et de leurs conséquences sur les droits les plus fondamentaux des personnes détenues, l'OIP ne peut se satisfaire du secret statistique opposé par le ministère de la Justice pour refuser la publication mensuelle du nombre de personnes détenues dans les quartiers hommes des maisons d’arrêt ainsi que des taux d’occupation de ces quartiers", estime l'Observatoire international des prisons. "Il est plus que jamais nécessaire que les autorités acceptent d'être transparentes sur un sujet d'intérêt général afin qu'elles prennent publiquement, aux côtés de l'ensemble des acteurs du système pénal et pénitentiaire et de l'opinion publique, la juste mesure de l'urgence de la situation dans les prisons françaises", ajoute-t-elle.
La Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) dans son récent avis du 23 mai avait déjà pointé "les données publiées de manière mensuelle par l’administration pénitentiaire". Selon elle, ces données "concernent des moyennes par type de quartier (maison d'arrêt ou centre de détention notamment), sans distinction, en termes de nombre de places, entre celles dédiées aux hommes, aux femmes, aux mineurs et, dans certains cas, à la semi-liberté".
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