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Policiers, avocats, personnels pénitentiaires : Christiane Taubira et la loi des séries

Après les policiers la semaine dernière et les avocats cette semaine, c'est au tour des personnels pénitentiaires de protester sous les fenêtres de la garde des Sceaux, Christiane Taubira. La ministre à l'agenda social chargé heurte les professions judiciaires.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Christiane Taubira recevant les avocats à la chancellerie hier. © Maxppp)

Les fenêtres du ministère de la Justice, place Vendôme à Paris, sont un des lieux les plus demandés de la capitale ces derniers temps. Le 14 octobre, c'étaient les policiers qui y manifestaient. Hier, les avocats venaient y chercher une sortie de crise dans le conflit sur l'aide juridictionnelle et ce jeudi, c'est le personnel pénitentiaire qui y est attendu. L'agenda social de Christiane Taubira ne désemplit pas. 

Personnels pénitentiaires épuisés

La ministre n'a pas précisé si elle recevrait ou non une délégation. Quoiqu'il en soit, les personnels pénitentiaires doivent défiler du palais de justice de Paris à la Chancellerie à partir de 14h. Ils réclament une revalorisation de leurs indemnités et des créations de postes. Ils estiment qu'il manque 1.200 postes dans les prisons françaises, tant en surveillants qu'en personnels administratifs. D'où des conditions de travail difficile et une sécurité qui se dégrade, avec des risques psycho-sociaux importants, pouvant, selon les syndicats, aller jusqu'au suicide : "On a atteint le sommet de l’inacceptable. 4500 agressions sur les personnels sur les 12 derniers mois, 18 prises d’otage de personnel de surveillance depuis 12 mois, 14 suicides, 1300 postes de surveillants qui manquent ", compte Jean-François Forget, secrétaire général de l'organisation syndicale pénitentiaire UFAP-UNSA, sur France Info.

Le constat sans appel de Jean-François Forget, secrétaire général de l'UFAP-UNSA sur la situation des personnels pénitentiaires

"Courage politique "

Ce nouveau défi met encore un peu plus sous pression une garde des Sceaux qui enchaîne les réformes sur des sujets sensibles, brandissant l'étendard de ce qu'elle appelle son "courage politique " et, ses adversaires, son entêtement. Les débuts parfois difficiles de l'entrée en application de la réforme pénale leur donnent du grain à moudre. Et le recul face aux avocats est assorti d'un avertissement : il y aura une reprise des discussions et la contribution financière des avocats au fonctionnement futur de la Justice n'est pas une idée abandonnée. 

Révolte des professions du droit

Le ton quelque peu bourru de ce communiqué ne va sans doute pas calmer la révolte des professions du droit qui sont souvent descendues dans la rue, y compris les huissiers, greffiers et notaires l'an dernier, pourtant culturellement peu revendicatifs. Par son calendrier de réformes mais aussi par son caractère rugueux, Christiane Taubira se retrouve souvent dans le petit rond rouge de la cible. Au point que l'Elysée finit par s'en inquiéter. Et ce jeudi, c'est François Hollande, plus rond au moins sur le plan relationnel, qui va recevoir les policiers toujours en colère.

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