Plan pauvreté : "Entre les annonces et la réalité connue par le Secours populaire, il y a un fossé qui ne cesse de s’élargir", estime sa secrétaire générale, Henriette Steinberg
"Entre les annonces et la réalité connue par le Secours populaire, il y a un fossé qui ne cesse de s’élargir", estime sa secrétaire générale, Henriette Steinberg, peu convaincue par le plan pour lutter contre la pauvreté présenté lundi à Matignon par la Première ministre. La militante associative était l'invitée de l'émission "Ma France" sur France Bleu ce mardi midi.
Le gouvernement a dévoilé lundi à Matignon sa nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté. Il a présenté un plan après huit mois de reports successifs. Ce plan entend "répondre à l'urgence de la situation sociale" actuelle et "corriger les inégalités structurelles", a exprimé la Première ministre Elisabeth Borne dans son discours de présentation. Parmi les mesures concrètes, il propose des petits-déjeuners gratuits à l'école, une prime de reprise d'activité, la conservation des places d'hébergement d'urgence, la distribution de chèques énergie.
Le plan passe de 8 à 16 milliards d'euros
Le premier plan, lancé en 2018, allouait 8 milliards d’euros d’aides sur quatre ans. Le gouvernement souhaite doubler ce chiffre, passant ainsi à 16 milliards d’euros. "Je suis bien incapable d’avoir une opinion sur les effets du passage de 8 à 16 milliards d’euros, réagit Henriette Steinberg. Nous avons de plus en plus de familles, de plus en plus de personnes seules, de plus en plus de personnes âgées, de plus en plus de mamans seules qui viennent au Secours populaire parce qu’elles ne savent plus comment faire, non seulement pour honorer leurs factures, mais aussi pour assurer la subsistance de leur famille. Je ne disconviens pas que des crédits importants soient mobilisés, mais nous ne les voyons pas concrètement arriver".
"Nous sommes très inquiets de la disparition des services publics de proximité, des accueils possibles dans les différents lieux du territoire, pour recevoir les personnes."
Henriette Steinbergà franceinfo
Le Secours populaire est présent dans 1 300 lieux sur le territoire mais "nous ne nous substituons pas et nous n’avons pas vocation à nous substituer à l’ensemble des services publics, nous ne le pouvons tout simplement pas". Or pour sa secrétaire générale, "le seul moyen que ça marche, c’est de rencontrer les personnes et d’avoir des services qui rencontrent les personnes. L’hypothèse que les bénévoles pourraient remplacer les services publics, lesquels fermeraient pour d’autres objectifs, c’est parfaitement inentendable. Et nous avons l’étrange impression qu’il y a une tendance en la matière".
Le Secours populaire déplore ainsi la fermeture de sites d'accueils : "Les accueils de proximité sont supprimés et remplacés par des ordinateurs. Ce ne sont pas les smartphones et les ordinateurs qui vont résoudre le problème."
Pas de hausse des minima sociaux ou des APL
Le plan gouvernemental de lutte contre la pauvreté ne prévoit rien sur la hausse des minima sociaux, ni celle des APL. "Ce que je déplore, c’est une sorte de décalage entre ce que nous vivons, les rencontres avec les personnes et l’image qui semble être imprégnée dans les cerveaux de ceux qui fabriquent les mesures ou les documents. Tous ceux et celles qui sont en difficulté, ce sont des gens comme nous. L’idée selon laquelle ils seraient une catégorie à regarder, ça ne va pas. Des jeunes couples qui travaillent tous les deux et qui n’y arrivent pas, c’est quelque chose qui est commun aujourd’hui dans notre pays", conclut la secrétaire générale du Secours populaire.
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