Cet article date de plus d'un an.

Sécheresse : le fonctionnement des centrales nucléaires "peut être perturbé lorsque des critères de température dans ces cours d'eau sont franchis", selon l'IRSN

Alors que deux tiers des nappes phréatiques en France métropolitaine sont toujours sous les normales, le fonctionnement des centrales nucléaires peut être perturbé lorsque des critères de température des cours d'eau sont franchis. C'est ce qu'explique Karine Herviou, directrice générale adjointe à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, sur franceinfo.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La centrale nucléaire de Cruas-Meysse, au bord du Rhône, en Ardèche. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Le fonctionnement des centrales nucléaires "peut être perturbé lorsque des critères de température ou de débit dans ces cours d'eau sont franchis comme cela a été le cas l'année dernière", a expliqué mercredi sur franceinfo Karine Herviou, directrice générale adjointe chargée du Pôle sûreté nucléaire à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), alors que deux tiers des nappes phréatiques en France métropolitaine sont toujours sous les normales. Selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), chargé de la surveillance des nappes, l'état de ces nappes "n'évolue que peu et demeure globalement peu satisfaisant".

Est-ce que le fonctionnement des centrales nucléaires peut être perturbé cet été en raison de la sécheresse ?

Karine Herviou : Les centrales puisent de l'eau dans les cours d'eau directement. On a 38 réacteurs qui sont situés en bord de cours d'eau. Leur fonctionnement peut être perturbé lorsque des critères de température ou de débit dans ces cours d'eau sont franchis comme cela a été le cas l'année dernière. Mais ce n'est pas pour des raisons de sûreté. C'est essentiellement, dans un premier temps, pour des raisons de protection de la faune et de la flore. Sur la centrale du Bugey, par exemple, si la température de l'eau après la centrale dépasse 26 degrés, EDF doit limiter la puissance des réacteurs ou les arrêter pour ne pas réchauffer l'environnement pour des questions de contraintes environnementales. 

Pour les centrales qui fonctionnent en circuit ouvert, elles rejettent de l'eau dans la rivière, une eau qui ne doit pas dépasser une certaine température. Est-ce que pour cet été, il faut s'attendre à des dérogations ?

Oui, en fonction de l'évolution de la température. Ensuite, c'est l'Autorité de sûreté qui décide des dérogations, notamment en fonction des besoins d'électricité. Ce ne sont pas des raisons de sûreté, mais il y a des critères à respecter vis-à-vis de la protection du milieu environnemental. Et il peut y avoir, s'il y a besoin d'une tension forte sur le réseau électrique, des dérogations délivrées par l'Autorité de sûreté nucléaire. 

Est-ce-qu'il faut revoir ces normes ?

EDF y travaille et a déjà fait des modifications pour limiter l'échauffement de la source d'eau. Il y a beaucoup d'études sur le sujet. Je ne sais pas si ces critères seront relâchés. En tout cas, EDF travaille pour limiter l'augmentation de la température de l'eau entre l'amont et l'aval de ces centrales. 

Est-ce que pour le Rhône, qui a un débit suffisamment puissant, cela permet d'avoir des restrictions un peu un peu différentes ?

En termes de sûreté, on a toujours un débit suffisant sur les centrales du Rhône. C'est quand même rassurant. Les températures sont surveillées, mais encore une fois pas pour des raisons de sûreté.

Si une centrale ne peut pas rejeter, qu'est-ce que cela voudrait dire ?

Cela veut dire un arrêt de production. Il y a des quantités d'effluents thermiques à rejeter. Elle peut être contrainte et si elle ne peut pas les stocker, elle ne peut plus fonctionner.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.