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Reportage "L’apprentissage au plus près du réel" : au coeur d'une école de soudeurs spécialisée dans la filière nucléaire

La course contre la montre continue pour remettre en service le parc nucléaire d'EDF. 41 réacteurs nucléaires sont désormais rebranchés au réseau. Une course qui mobilise des professionnels de haut niveau : les soudeurs. Une école d’excellence a ouvert en septembre à la Hague.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un soudeur à l’exercice dans une maquette de tuyauterie de centrale nucléaire, à l'école Hefaïs à La Hague, dans la Manche. (GREGOIRE LECALOT / FRANCEINFO)

Accroupi la tête sous un tuyau, un autre dans le dos, Jawad doit rester concentré sur sa soudure de précision malgré la position inconfortable. "On n’a pas le droit à l’erreur, souligne-t-il. Les soudures dans le domaine du nucléaire sont soumises à différents contrôles. Si on se loupe, il faut meuler ou carrément recouper la pièce er la reprendre du début."

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Jawad est parmi les premiers soudeurs à venir se former à la nouvelle école Hefaïs, dans la Manche, ouverte en septembre pour remédier à une baisse de niveau dans la filière avant de lancer la nouvelle génération de centrales EPR 2. Créée par EDF, Orano, Naval group et Constructions mécaniques de Normandie avec le soutien des collectivités régionales et de l’État, elle a pour but d’accélérer la formation de soudeurs d’élite nécessaires aux secteurs nucléaire et naval. "On a construit des morceaux à l’échelle une de centrales nucléaires, des morceaux de sous-marins, de bateaux pour transposer l’apprentissage des soudeurs dans ces maquettes industrielles qui sont effectivement l’apprentissage au plus près du réel", explique le directeur de Héfaïs, Corentin Lelièvre.

Les soudures dans la filière nucléaire nécessitent une formation particulière. (GREGOIRE LECALOT / FRANCEINFO)

Ne pas reproduire les erreurs et monter en compétences

"Nous voulons construire bien du premier coup", ajoute David le Hir, le directeur de la centrale de Flamanville dont les problèmes sont en partis issus d’un manque de compétences. Ses fonctions ne s’étendent pas au réacteur EPR en construction mais il a assisté en voisin aux problèmes de reprises de soudures de haute précision qui ont provoqué des retards et des surcoûts majeurs. La filière nucléaire a dû se mobiliser pour ne pas reproduire ces erreurs. "Il y a urgence parce que nous sommes sur des projets industriels majeurs dans les prochaines années", affirme David Le Hir.

"Nous avons un besoin de recrutement de 500 soudeurs par an actuellement et ce besoin va être multiplié par deux d’ici 2030."

David le Hir, directeur de la centrale de Flamanville

à franceinfo

Il faut aussi requalifier les soudeurs déjà sur le marché car le métier est devenu plus compliqué ces dernières années. "L’enjeu est simple : si demain on ne trouve pas ressources, on ne pourra pas répondre aux besoins de nos clients, expose Sébastien Cuquemelle, patron de l’entreprise de soudage Probent. On a eu Fukushima qui a eu beaucoup de déviances différentes donc on doit donc les former aux besoins de demain".

En formation initiale ou demandeurs d’emplois, l’école a accueilli cette année ses 40 premiers stagiaires dans des locaux provisoires à la Hague. Elle atteindra sa vitesse de croisière l’an prochain avec 200 stagiaires par an dans des locaux neufs à Cherbourg. Elle ne pourra pas, de loin, satisfaire tous les besoins du secteur. EDF envisage d’ailleurs de monter sa propre école de formation.

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