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Report de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim : "L'accident peut aussi bien arriver dans 5 ans que dans 5 minutes"

L'association Stop Fessenheim, qui réclame la fermeture du site nucléaire, évoque "une centrale terriblement dangereuse" et "grabataire".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La centrale de Fessenheim, dans le Haut-Rhin. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

"Nous avons affaire à un troc inqualifiable entre un EPR mort-né et une centrale nucléaire grabataire", a vivement dénoncé, vendredi 1er juin sur franceinfo, André Hatz, président de l'association Stop Fessenheim. La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) devrait être une nouvelle fois reportée, en raison des retards successifs de l'ouverture de l'EPR de Flamanville (Manche). Fessenheim pourrait fonctionner jusqu'en 2019. Le secrétaire d'État à la Transition écologique Sébastien Lecornu en a pris "acte" jeudi. Pour André Hatz, l'Autorité de sûreté nucléaire "ne respecte pas ses propres règles".

franceinfo : Cette annonce vous inquiète-t-elle?

André Hatz : Elle ne me surprend pas. Elle m'inquiète, bien évidemment, car il s'agit d'une centrale terriblement dangereuse. Nous avons affaire à un troc inqualifiable entre un EPR mort-né et une centrale nucléaire grabataire. À titre d'exemple, entre le 1er juin 2016 et le 1er juin 2018, le réacteur numéro 2 de la centrale de Fessenheim a fonctionné 55 jours, c'est-à-dire 7,5% du temps, et a été en panne 676 jours, soit les 92.5% restants. Nous avons affaire à un acharnement thérapeutique. EDF veut faire croire aux Français que les centrales nucléaires peuvent fonctionner au-delà de 40 ans et empocher un pactole de 459 millions d'euros d'argent public, promis par Ségolène Royal, dans le cadre d'une fermeture anticipée. Ils essayent à tout prix de faire fonctionner cette centrale, pourtant grabataire et ne marchant plus. Le pire dans cette affaire, c'est que l'Autorité de sûreté nucléaire est complice. J'accuse l'Autorité de sûreté nucléaire de ne pas respecter ses propres règles. Sur une cuve de réacteur ou sur un générateur de vapeur, il y a un principe fondamental, le principe d'exclusion de rupture. Or nous savons que dans le cas du réacteur 2 de Fessenheim, l'acier du générateur est beaucoup trop carboné et il risque la rupture à toute variation rapide de température.

Est-ce à ce point urgent de fermer la centrale de Fessenheim, à quelques mois près?

La fermeture est repoussée de quelques mois mais l'accident peut aussi bien arriver dans 5 ans que dans 5 minutes. Nous parlons d'une centrale grabataire, une centrale dangereuse dont les aciers sont trop carbonés. Dans cette affaire, tout le monde fait le dos rond. Nicolas Hulot, à qui nous avons demandé une audience, n'a même jamais répondu. Les seuls à répondre, ce sont les Allemands. Nous, une association française, nous obtenons un rendez-vous avec le ministre de l'Environnement côté allemand quand nous le demandons. Ce n'est pas le cas en France.

Qu'attendez-vous aujourd'hui ?

Nous exigeons un calendrier clair. Il faut dissocier la fermeture de Fessenheim du démarrage de Flamanville, que personne ne souhaite par ailleurs. La loi française dit que 63,2 gigawatts est un plafond, il n'a jamais été dit que c'est un plancher. On peut fermer la centrale de Fessenheim demain matin, les Alsaciens ne s'éclaireront pas à la bougie.

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