Nucléaire : les Français appelés à se prononcer sur la prolongation des centrales françaises
Vous avez des questions ou des préoccupations, sur la prolongation des centrales nucléaires en France ? Cette prolongation est l'un des grands axes de la nouvelle politique énergétique française, avec la relance du nucléaire et la construction de nouveaux réacteurs. Dans ce contexte, le Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) lance jeudi 18 janvier une concertation publique.
Cette consultation concerne le maintien en activité d'une partie du parc nucléaire français. Elle porte sur 20 des 56 réacteurs de France. Ces 20 réacteurs sont répartis sur une dizaine de centrales, comme Paluel en Seine-Maritime, ou Golfech dans le Tarn-et-Garonne. Il s'agit de tous ceux d'une puissance de 1 300 mégawatts. Ils ont été mis en service entre le milieu des années 1980 et le début des années 1990 et vont donc bientôt avoir 40 ans. Un âge crucial pour ces réacteurs, qui vont passer un grand examen de contrôle en profondeur. Ils seront modifiés si besoin, par exemple pour les adapter aux aléas climatiques, comme les sécheresses.
La concertation lancée jeudi vise à préparer ces contrôles, au-delà donc de la relance du nucléaire, comme le souligne la présidente du Haut comité pour la transparence Christine Noiville. "Au moment du développement de certains matériels et équipements nucléaires, c'était l'hypothèse de 40 ans qui avait été considérée comme une hypothèse technique de fonctionnement, explique-t-elle. Donc, il est normal à ce moment-là de se poser la question de savoir si oui ou non le maintien de ces réacteurs peut être poursuivi dans des conditions de sûreté optimales. Et nous, notre question, ce n'est pas : 'est-ce que c'est opportun de poursuivre le fonctionnement ou pas ?' C'est 'si la décision politique est prise de le faire, alors dans quelles conditions de sûreté c'est envisageable.'"
"C'est normal qu'à ce stade le public ait son mot à dire."
Christine Noiville, présidente du Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaireà franceinfo
Cet âge de 40 ans n'est pourtant pas une limite, car la loi française ne fixe pas de durée de fonctionnement maximale pour les réacteurs. Mais elle oblige à ces grands contrôles, tous les 10 ans. Et l'autorité de sûreté nucléaire devra valider ou non la prolongation de chaque réacteur.
Tout le monde peut participer à la concertation
Expert du nucléaire ou pas, habitant ou non à proximité d'une des huit centrales concernées, tout le monde peut donner son avis et partager ses préoccupations. Les citoyens ont d'ailleurs beaucoup de questions, assure Jean-Claude Delalonde. Il préside l'Association nationale des comités et commissions locales d'informations, autour des centrales.
"Passer à 50, 60 ans et plus, pourquoi pas ?, envisage-t-il. Mais expliquez-nous, s'il y a un accident, quelles seraient les conséquences pour la population en matière d'environnement, en matière sanitaire et en matière de sûreté en général ?, questionne Jean-Claude Delalonde. "On est préoccupé par ce dispositif", ajoute-t-il, et dit souhaiter "être assuré que, au vu des retours d'expérience, des problèmes de vieillissement de la technologie, tout soit mis en œuvre pour que notre parc nucléaire continue de bien fonctionner".
"Donnez nous toute l'information et répondez à nos questions parce qu'elles ne sont pas forcément idiotes."
Jean-Claude Delalonde, président de l'association nationale des comités et comissions locales d'informationsà franceinfo
Ces questions éclairent parfois des angles morts et sont prises en compte. D'après le directeur en charge de la production nucléaire d'EDF, Étienne Dutheil, cela a été le cas lors de la concertation du même type lancée il y a cinq ans pour les plus anciens réacteurs français. "Nous avions été très fortement interpellés par le public sur la formation des personnels, des salariés, se remémore-t-il, et nous avons fait un effort plus important pour mieux préparer nos personnels à l'arrivée de ces modifications et pour mieux intégrer la formation dès la conception. C'était une attente fortement exprimée par le public que nous avons intégrée lors du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 mégawatts", assure Étienne Dutheil.
Pour participer à cette concertation, rendez-vous sur le site internet dédié jusqu'au 30 juin. D'ici là des réunions vont être organisées localement, autour des centrales concernées.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.