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Massacre de Maillé : 30 survivants, partie civile pour comprendre

Soixante-six après ce massacre méconnu perpétré par les Allemands dans cette bourgade d'Indre-et-Loire, trente rescapés ont décidé aujourd'hui de se porter partie civile. _ Ce crime de guerre est aujourd'hui prescrit en France. Mais l'Allemagne a décidé d'engager une procédure judiciaire pour identifier et traduire en justice les bourreaux. Et les habitants du village martyrs n'ont pas voulu être en reste.
Article rédigé par franceinfo
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Le massacre remonte au 25 août 1944, jour de la Libération de Paris. 60 à 80 soldats allemands, en représailles apparemment à une attaque de la Résistance, tuent 124 des quelque 500 habitants du village, dont 44 enfants. Une tuerie restée dans l'ombre de celle d'Oradour-sur-Glane. Crime de guerre aujourd'hui impuni : un seul sous-officier allemand, Gustav Schlüter a été jugé par contumace en 1952 à Bordeaux, puis condamné à mort, mais son extradition n'a jamais été demandés et l'homme est mort chez lui, sans être inquiété.

Ce massacre, dont il ne reste, à la différence d'Oradour, aucune trace visible, remonte pourtant à la surface. Mais comme le crime de guerre en France est prescriptible, il est trop tard pour poursuivre les auteurs. Un comble donc : c'est par le truchement d'une procédure allemande que Maillé va peut-être accéder à la vérité.

Le parquet de Dortmund mène en effet depuis 2004 une information judiciaire pour identifier les auteurs du massacre. Cinquante-huit rescapés et témoins français ont déjà été entendus. Et en Allemagne, les auditions des quelque 300 soldats et SS allemands alors stationnés dans la région et encore en vie sont parallèlement en cours.

Selon l'avocat Maître Morin, ma,ndaté par le village, "il n'est pas certain qu'il y ait un jour un procès, car en l'absence d'éléments matériels la procédure ne peut reposer que sur des aveux. Mais au
moins il y a une instruction pour l'histoire ".
_ Une réunion publique était donc organisée aujourd'hui à la mairie de Maillé, pour déterminer qui se porterait partie civile. Le but de la manœuvre : avoir accès au dossier d'instruction et être enfin reconnu comme victime. Trente survivants ou ayant-droits ont donc franchi le pas.

Cécile Quéguiner, avec agences

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