La Russie veut empêcher les homosexuels d'adopter ses enfants à l'étranger
La Douma a adopté à la quasi-unanimité un projet de loi restreignant l'adoption dans les pays ayant légalisé le mariage homosexuel.
Un papa et une maman mariés. Toute famille d'un autre type se verra opposer une fin de non-recevoir pour adopter un enfant en provenance de Russie. La Douma, l'équivalent de l'Assemblée nationale française, a voté, mardi 18 juin en deuxième lecture, un projet de loi interdisant l'adoption d'enfants russes par des couples homosexuels ou des célibataires dans les pays ayant légalisé les unions entre personnes de même sexe.
Le texte a été approuvé par 443 députés de la chambre basse du Parlement russe. Aucun n'a voté contre. Il doit être voté en troisième lecture à la Douma le 21 juin. Ensuite, il devra encore être approuvé par la chambre haute du Parlement, et signé par le président russe, Vladimir Poutine, qui a d'ores et déjà indiqué début juin qu'il signerait un tel texte s'il lui était proposé.
Seuls les hétérosexuels mariés pourront adopter
Selon le texte voté mardi, l'adoption d'enfants russes est interdite aux "personnes de même sexe dont l'union est reconnue comme un mariage et qui a été enregistrée dans un Etat où une telle union est autorisée, ainsi qu'aux citoyens de tels Etats qui ne sont pas mariés". Outre la France, ce texte concernera les 14 autres pays (dont le Canada, la Belgique et l'Espagne) dans lesquels les mariages entre personnes de même sexe sont autorisés.
"L'adoption de ce projet de loi élimine de facto tout possibilité que des étrangers ayant, comme on dit, une orientation sexuelle non-traditionnelle, puissent adopter des enfants russes", a estimé Elena Mizoulina, députée du parti Russie juste, auteure d'un des amendements.
D'après le texte, les couples mariés hétérosexuels pourraient, eux, encore adopter des enfants russes. Mais les célibataires en seraient privés. "Un enfant doit avoir une mère et un père", a déclaré le député Sergueï Jelezniak, vice-président de la Douma. "Si un enfant se retrouve avec un couple homosexuel, cela pourrait bien sûr provoquer d'important dégâts et l'enfant pourrait avoir une vison déformée de la réalité", a-t-il ajouté.
L'homophobie largement répandue en Russie
En décembre, Moscou avait déjà interdit les adoptions d'enfants russes par les Américains, en réponse à la "liste Magnitski", une loi américaine sanctionnant des responsables russes impliqués dans la mort en prison, en 2009, de l'avocat Sergueï Magnitski.
Parallèlement, une campagne de défense des "valeurs traditionnelles" a été lancée en Russie ces derniers mois, et la semaine dernière, la Douma a adopté une loi controversée punissant tout acte de "propagande" homosexuelle devant mineur.
L'homophobie est largement répandue en Russie, où l'homosexualité était considérée comme un crime jusqu'en 1993 et comme une maladie mentale jusqu'en 1999. Récemment, plusieurs cas de meurtres de personnes en raison de leur homosexualité ont été recensés dans le pays. Selon un sondage de l'institut Vtsiom publié en juin, 88% des Russes soutiennent l'interdiction de la "propagande" homosexuelle. Par ailleurs, 54% des Russes pensent qu'il faut punir l'homosexualité.
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