Epinglés dans le quotidien "L'Union" pour des "propos homophobes", ils se disent victimes de menaces
Le journal local de la Marne, de l'Aisne et des Ardennes a publié des commentaires trouvés sur son mur en les qualifiant "d'homophobes". Marc faisait partie de la liste. Il se justifie.
"Votre nom et votre photo sont désormais associés à la haine", "Vous ne méritez pas de vivre, pourriture homophobe". Mercredi 23 novembre au soir, en se connectant sur son compte Facebook, Marc a vu s'afficher une dizaine de "messages bizarres". D'abord, il ne comprend pas. L'homme d'une cinquantaine d'années, habitant Ajaccio, découvre finalement avec étonnement qu'il est un des internautes affichés sur le "mur de la honte" de L'Union. Avec son prénom, son nom et la photo de son compte Facebook.
Le journal local de la Marne, de l'Aisne et des Ardennes a publié, mercredi 23 décembre, dans ses pages et sur son site web, vingt "propos homophobes" piochés dans les commentaires de sa page Facebook. Ils avaient fleuri sous un article portant sur les affiches d'une campagne gouvernementale de prévention anti-VIH lancée le 16 novembre, vandalisée dans la région comme ailleurs en France.
"Même des maires ont été choqués !"
Le commentaire de Marc est court : "L'homosexualité OK, affichage et propagande pas OK". Interrogé par franceinfo, il assume "totalement" son propos, qui n'aurait "rien d'homophobe", selon lui : "D'ailleurs, j'ai mon vrai nom et ma photo sur Facebook. Contrairement à ceux qui tiennent des propos vraiment violents, je ne me cache pas." Il se défend d'avoir jamais "été agressif ou insultant envers la communauté homosexuelle, que je protégerais toujours".
Marc justifie son opinion sur les affiches en évoquant l'interdiction de la campagne décidée par certains élus locaux : "Même des maires ont été choqués !" "On a le droit d'être choqués, comme de voir un couple d'hétéros dans un lit, affirme-t-il. Les affiches mettent en avant une pratique sexuelle qui est légitime et respectable, mais qui n'a pas besoin d'être affichée."
L'internaute dénonce une "police de la pensée", une "méthode d'Etat totalitaire, digne de George Orwell". "On jette en pâture des gens qui ont exprimé leurs opinions. Cela peut être dangereux : un fou peut se mettre dans l'idée d'éliminer tous ceux qui sur ce mur de la honte. L'Union a voulu faire le buzz mais c'est irresponsable !" Plutôt remonté, Marc a donc appelé la rédaction en chef le lendemain de la publication. "Ils ont été conciliants", rapporte-t-il. Son commentaire a été retiré de l'article web. C'est assez pour calmer Marc. Ce dernier avait pensé à porter plainte, mais s'est ravisé : "Ce n'est pas mon but de faire des polémiques inutiles".
"Il ne faut pas se tromper de victime", réagit "L'Union"
Des remous auxquels Géraldine Baehr, chef de l'édition de Châlons-en-Champagne (Marne) de L'Union, s'attendait : "Ça porte à débat et on espère que ça va faire réfléchir." Pour la journaliste, qui est à l'origine de l'initiative, pas de doute, tous les commentaires du "mur" étaient homophobes : "Les gens vont toujours se justifier, dire qu'on les a mal compris. Mais les mots ont un sens." "Il ne faut pas se tromper de victime, poursuit-elle. La population stigmatisée, ce sont les homosexuels et ces gens qui se retrouvent sur le mur y ont contribué."
Géraldine Baehr dit cependant "condamner les personnes qui insultent ceux qui étaient insultants à la base" : "Ils ne valent pas mieux, c'est pitoyable !" Mais elle rappelle que "ces commentaires étaient publics sur Facebook. On n'a pas été chercher les informations, on les a relayées". Une autre personne du "mur", "Misse Maggy", habitant dans la région de Châlons-en-Champagne, s'est manifestée auprès de L'Union. "Je ne pense pas mériter tout cela", confie-t-elle, après avoir elle aussi reçu des messages de menaces.
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