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Trois questions sur la défiance des citoyens envers la police

Dans un rapport publié mercredi 2 novembre, le think tank Terra Nova dresse un constat "sombre" sur les liens entre la police et les citoyens.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le think-tank Terra Nova dresse un constat "sombre" sur les liens entre la police et les citoyens. Ici, des policiers, le 25 octobre 2016 à Bordeaux (Gironde). (NICOLAS TUCAT / AFP)

Alors que les manifestations de policiers continuent en France, le think tank Terra Nova a publié, mercredi 2 novembre, un rapport (PDF) pour améliorer les relations entre la police et la population. En creux, le cercle de réflexion classé à gauche critique aussi le bilan du gouvernement.

Quel est l’état de la relation entre les policiers et la population ?

Police et gendarmerie bénéficient globalement d’opinions favorables en France. Un sondage Ifop publié en janvier 2016 indique par exemple que 82% des Français ont une bonne image de la police nationale et 88% une bonne image des gendarmes. Selon les auteurs du rapport, ce niveau de légitimité serait "accentué par le contexte spécifique des derniers mois", c'est-à-dire les attentats et les menaces d'attentats.

Ce constat est pourtant à relativiser. Les auteurs listent ainsi les incompréhensions entre la police et certains segments de la population : "Le jeune homme issu de l’immigration vivant dans une zone urbaine sensible et d’origine populaire est sans doute celui qui a le plus de chances d’avoir une position de défiance vis-à-vis de la police, la considérant au mieux comme violente et brutale, au pire comme raciste."

Les quelques résultats comparatifs disponibles seraient aussi défavorables à la police française par rapport aux pays comparables. "Par exemple, 35% des Français pensent, d’après leur expérience, que la police traite sans aucun respect le public auquel elle a à faire." Un taux supérieur à celui observé dans les autres pays d’Europe occidentale (8% en Espagne, 18% aux Pays-Bas, 15,9% en Royaume-Uni).

Comment expliquer cette défiance ?

"Les modes opératoires qui prévalent généralement dans la police ne favorisent pas le rapprochement, note Terra Nova. Ils sont plus souvent fondés sur l’affirmation de l’autorité, voire la démonstration de force, et rarement sur une logique d’ouverture relationnelle."

La concentration des contrôles d’identité sur certaines catégories de la population participe à cette défiance. Les politiques policières, centrées sur l’interpellation et l’obtention de résultats chiffrés, aggraveraient aussi la distance entre la police et la population.

"Le système centralisé a pour effet pervers de ne pas laisser suffisamment de place aux initiatives locales et de déresponsabiliser les acteurs locaux, tout en leur donnant de multiples moyens de contourner les directives centrales", ajoutent les auteurs du rapport.

Quelles solutions pour redonner confiance en la police ?

Le think tank plaide pour la promotion d'une "police du contact", de valorisation des "missions de prévention, d'information et d'accueil", suggérant par exemple de "diversifier le recrutement des gardiens de la paix" et d'agir sur leur formation.

Il appelle de ses vœux un "redressement des liens avec les partenaires territoriaux" et un "partenariat" plus étoffé notamment avec les associations. Il est ainsi proposé que les maires puissent "évaluer" le commissaire ou commandant de brigade de gendarmerie de leurs villes.

Tout aussi iconoclaste, le think tank propose que le nom du policier effectuant, par exemple, des contrôles d'identité figure sur l'uniforme, alors que depuis 2012 et l'arrivée de la gauche au gouvernement, il y a seulement le matricule.

De même, il relance l'idée d'un "récépissé ou un système électronique avec reçu" qui fournirait "des traces matérielles permettant plus de transparence dans la conduite des contrôles".

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