Colère des policiers : des revendications "en partie entendues"
Luc Poignant, du syndicat unité SGP Police FO, a réagi jeudi sur franceinfo aux mesures annoncées par le gouvernement pour répondre à la colère des policiers. Il estime qu'une partie seulement des demandes ont été entendues.
La mobilisation des policiers entamée il y a dix jours a été portée au plus haut sommet de l'État. A l'issue d'une réunion à l'Elysée, mercredi 26 octobre, le gouvernement a annoncé un plan de sécurité publique comprenant une enveloppe 250 millions d'euros et plusieurs mesures. Parmi elles, figurent la livraison de nouveaux gilets pare-balles, de boucliers, de casques ou encore de nouvelles armes pour les unités de terrain. Luc Poignant, membre du syndicat unité SGP Police FO, a estimé jeudi sur franceinfo que les choses allaient dans le bon sens, même s'il reste encore des points de blocage.
franceinfo : Les mesures annoncées mercredi sont-elles de nature à vous satisfaire ?
Luc Poignant : Nous avons avez été en partie entendus. 250 millions d'euros, ce n'est pas rien. Pour le moment rien n'est fait, mais les mesures qui sont annoncées vont dans le bon sens. Il faut maintenant attendre la matérialisation. Il n'est pas question de créer une commission ou un groupe d'enquête pour enterrer les problèmes. Sur ce point et sur le calendrier, nous serons particulièrement vigilants. Toutefois, ce n'est absolument pas suffisant. Une partie des revendications de mes collègues de terrain qui sont dans la rue tous les soirs ont été entendues, mais pas toutes.
Concernant l'assouplissement des règles de la légitime défense, le gouvernement préfère attendre et engager une réflexion au parlement. Auriez-vous aimé une annonce ferme dès hier soir ?
On se doute bien que ça n'était pas possible d'annoncer dès hier soir que la légitime défense sera dirigée de telle ou telle manière. Il faut effectivement un groupe de réflexion, mais pas dans le but d'enterrer le problème. Il y a des mesures juridiques qui nécessitent que le texte soit proposé au parlement pour tenir compte des règles de droit. Il faut voir dans quel sens le dossier va s'orienter. N'applaudissons pas tout de suite, il faut attendre.
Pour le symbole, il y a quand même l'alignement des sanctions pour outrage à policiers sur celles des magistrats. Est-ce important symboliquement ?
C'est important. Il faut que l'on comprendre, en France, que lorsque que l'on touche à un fonctionnaire de police, les peines doivent être absolument impitoyables. Il faut que la justice soit impitoyable. Mes collègues le vivent et le ressentent au quotidien. Cela n'est plus supportable. Il est nécessaire que la peine soit totalement dissuasive. C'est effectivement un point positif.
Le mouvement est parti de la base. Les annonces ont-elles satisfait les policiers de terrain?
Je suis convaincu que mes collègues vont apprécier un certain nombre de mesures. Mais certaines de leurs revendications sur le front managérial n'ont pas été évoquées hier soir à l'Elysée. Mes collègues se plaignent d'une pression insupportable et de la politique du chiffre. Il faut cesser cette politique du chiffre qui se fait au détriment de la sécurité. On ne peut pas travailler uniquement dans un cadre statistique. Cette pression vient directement de la hiérarchie. On vous demande du chiffre mais, aujourd'hui, ce n'est plus concevable.
Les rassemblements doivent-ils se poursuivre ?
Nous ne sommes pas à l'origine du mouvement. Nous sommes allés négocier parce que nous savons faire et parce que nous sommes représentatifs, mais le mouvement ne vient pas de nous. Ce sont mes collègues de terrain qui doivent décider de poursuivre ou non le mouvement.
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