Louer des bateaux à quai : une pratique à la mode mais sans encadrement
De plus en plus de Français proposent de louer leurs bateaux à des particuliers le temps d'une nuit ou d'une dîner. Même si le bateau reste à quai, l'absence de réglementation pose un problème à certains ports.
Pourquoi ne pas louer un bateau pour une nuit plutôt qu'un appartement ? La pratique se développe dans les ports de la Côte-d'Azur. Le bateau reste à quai et on le loue comme on loue un logement via une plateforme de réservation telles que Airbnb ou Homelidays. Certaines sociétés se sont spécialisées dans ces locations comme Samboat ou Sea Sète and Sun. Une nouvelle mode pratique, originale mais qui a aussi ses détracteurs.
Pour louer son voilier, son bateau à moteur, voire son yacht, il suffit qu'il soit équipé de couchettes ou de cabines. Dans les Alpes-Maritimes, on trouve ainsi une vingtaine de bateaux à louer à Saint-Laurent-du-Var, une centaine à Antibes ou encore une vingtaine à Golfe-Juan. Pour le propriétaire, c'est une façon simple de gagner de l'argent et de payer une partie des frais d'entretien, du coût de la place dans le port et du carburant. Surtout quand on sait qu'un bateau n'est utilisé que 10 à 12 jours par an en moyenne !
À Golfe-Juan, Charles gère trois bateaux en location pour des propriétaires. Il monte à bord de l'un d'eux : "Celui-ci fait à peu près 12 mètres, dit-il. Là, on peut installer une table à manger et vraiment déjeuner dehors à l'ombre. Si vous voulez un peu de soleil, vous allez devant. À l'intérieur, vous avez une cabine et une douche-WC." En mai, des Américains ont loué le bateau pour toute la durée du festival de Cannes.
Nuitées à quai ou dîners aux chandelles
Pour deux personnes, il faut compter entre 50 et 150 euros par nuit. Le tarif varie en fonction de la saison. "On le loue pour des nuitées à quai et pour des dîners romantiques aux chandelles où ils se font livrer le repas, précise Charles. On est vraiment sur l'eau, dans un cadre atypique. Tous les restaurants, commerces et plages sont à proxmimité, c'est ce qui rend le séjour vraiment très agréable."
Mais, attention, il y a des consignes à respecter à bord d'un bateau, comme ne pas monter avec des semelles noires, ne pas organiser de fêtes ni de soirées à quai. En revanche, la règlementation reste floue. "Dans certaines communes, il peut y avoir des restrictions mais c'est encore quelque chose qui démarre, explique le loueur de Golfe-Juan. C'est encore beaucoup moins reglementé que les locations de logements, appartements et maisons."
La loi change sans arrêt, donc on est toujours à l'affût et on accompagne justement les propriétaires dans cette démarche-là.
Charles, gérant de location de bateaux entre particuliers à golfe-Juan
Ces locations de bateaux entre particuliers peuvent poser des problèmes de réglementation, de sécurité et de nuisances dans les ports. Pour l'heure, à Golfe-Juan, les autres plaisanciers ne semblent pas dérangés par ces visiteurs d'un soir. "S'ils ne font pas trop de bruit et s'ils n'ameutent pas les voisins, ça me gêne pas du tout, assure l'un d'eux. Il ne faut pas jeter les bouteilles, les cigarettes pour qu'on arrive à garder un bon environnement. Celui qui loue doit dire les conditions et, à la rigueur, il donne la carte pour les toilettes et les douches parce que le port est bien équipé maintenant."
Si les locations entre particuliers ne les gênent pas, tant que les usages du port sont respectés, les habitués restent néanmoins préoccupés par les questions de sécurité car "un enfant qui tombe à l'eau, c'est vite fait", assure l'un d'eux. "Il faut que les personnes soient assez responsables de leurs enfants", renchérit un autre. Quant à louer leurs propres bateaux, tous ne sont pas prêts à sauter le pas.
Interdiction dans certains ports
Cette nouvelle mode n'est pas vue d'un très bon oeil partout : l'occupant d'un lit sur un bateau n'a pas forcément les réflexes d'un marin et la question de la responsabilité en cas de problème se pose. Le Port de Gallice, à Juan-les-Pins, interdit la location de bateaux entre particuliers. "Tant que les dispositions reglementaires ne sont pas précises sur ce point, le port n'a pas envie d'être le bouc émissaire dans le cadre d'un accident, de pollution, de nuisances sonores ou olfactives, indique Richard Poste, le directeur du port. Sur tous les bateaux de plaisance vous avez des extincteurs qui doivent être vérifiés. Un gamin qui va déclencher une pompe de cale, ça va chauffer, il peut y avoir des incendies, une voie d'eau etc..."
C'est dangereux donc il y a toute une pratique qui doit être éclaircie et encadrée.
Richard Poste, directeur de port à Juan-les-Pins
Le discours est le même à Port Vauban, à Antibes où il est toutefois compliqué d'interdire les locations. Les affaires maritimes, la chambre de commerce et la Fédération des industries nautiques réfléchissent à un encadrement de ces locations de bateaux entre particuliers.
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