"C'est humain d'avoir envie de rentrer en contact" : nés d'une PMA, Arthur et Audrey demandent à pouvoir connaître leur donneur
Ce couple de trentenaires, qui milite dans l'association Origines, explique que les enfants issus d'une procréation médicalement assistée ont besoin de connaître leur donneur et pouvoir échanger avec lui.
Agnès Buzyn veut permettre aux enfants nés via procréation médicalement assistée (PMA) d'en savoir plus sur leurs origines. La ministre de la Santé l'a réaffirmé une nouvelle fois, sur franceinfo, lundi 24 juin. L'enfant pourrait avoir accès à des informations sur son donneur lorsqu'il aura atteint ses 18 ans. Pour certains, c'est la quête de toute une vie ou presque.
J'ai toujours su comment j'avais été conçu. J'ai donc toujours pensé à lui.
Arthur,
né d'une PMAà franceinfo
Arthur Kermalvézen est né d'une PMA. Cet homme de 36 ans n'a "jamais compris pourquoi la rencontre avec [ses] parents ne se faisait pas, pourquoi il ne venait pas chez [lui] surtout que c'était un monsieur généreux, un gentil monsieur. Il avait toutes les qualités pour qu'on puisse passer un bon moment avec lui".
Il y a quelques années, ce militant pour un meilleur accès aux origines a découvert l'identité de son géniteur. Il l'a fait grâce à un test ADN interdit en France qu'il a acheté 50 euros sur internet. "J'ai retrouvé son identité en 12 heures, j'ai réussi à le rencontrer. Aujourd'hui, je peux l'appeler à tout moment. Il est très content d'avoir été retrouvé", raconte Arthur. "Quand on a le nom de quelqu'un, on le localise très vite. C'est humain d'avoir envie de rentrer en contact", poursuit Audrey, sa femme.
La possibilité de pouvoir échanger avec le donneur
Contrairement à Arthur, Audrey a su qu'elle "était issue d'un tiers donneur à l'âge de 29 ans". Depuis dix ans, la "seule préoccupation" de cette femme de 39 ans est de savoir si son donneur est vivant ou décédé. Elle souhaiterait avoir des informations sur cette personne : "Si elle est encore vivante, je demandais simplement à ce qu'on lui pose la question de savoir si elle souhaiterait ou non que son identité me soit dévoilée ou à tout le monde."
Ensemble, le couple, qui vit à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine, milite au sein de l'association Origines. Cette association demande, notamment, un meilleur accès à ces informations ainsi que les donneurs soient d'accord pour divulguer un jour leur identité si l'enfant le demande. "Ce que l'on souhaite, c'est ce que l'on appelle des donneurs ouverts, c'est-à-dire des donneurs qui ont compris que ce qu'ils donnent ce n'est pas un rein, ce n'est pas du sang, ce n'est pas juste des cellules, ce qu'ils donnent c'est un don d'hérédité biologique et que par conséquent, c'est un don d'humanité", estime Arthur.
Une plateforme d'échange
Les parents proposent même un système pour aller plus loin avec une plateforme d'échange anonyme. Elle permettrait pour ceux qui le souhaitent, de mettre en relation les donneurs et les enfants à la recherche de leur histoire pour "pouvoir donner des informations comme une photo, une vidéo, des mails, explique Arthur. Bref, qu'il y ait un échange possible entre le donneur et les personnes issues de son don".
Si l'anonymat au moment du don est préservé dans le projet de loi de bioéthique, Agnès Buzyn affirme que l'enfant pourrait avoir accès à des informations sur son donneur lorsqu'il aura atteint ses 18 ans. Le texte est actuellement examiné au Conseil d'État. Il sera ensuite présenté en Conseil des ministres le 26 juillet, puis débattu au parlement à partir de septembre.
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