: Vidéo Sandra Forgues : "La transidentité n'est pas une lubie : elle est ancrée depuis la naissance"
En 2018, "Envoyé spécial" avait fait le portrait de cette "femme d'exception". Sandra Forgues est devenue une femme après avoir vécu quarante-six ans dans le corps d'un homme. Trois ans plus tard, elle est interviewée par Elise Lucet après la diffusion d'un émouvant reportage sur deux enfants transgenres. Voici l'intégralité de cet entretien.
En 2018, "Envoyé spécial" avait fait le portrait de cette "femme d'exception" : elle a vécu quarante-six dans un corps d'homme, avant de franchir le pas et de décider de devenir une femme. Trois ans plus tard, Sandra Forgues est sur le plateau de l'émission pour réagir après la diffusion d'un portrait de Stella et Alex, deux enfants qui ont décidé de changer de genre. Et aussi pour donner quelques conseils bienveillants aux enfants et adolescents concernés par une dysphorie de genre (l'inadéquation entre le sexe de naissance et l'identité de genre ressentie) ainsi qu'à leurs familles.
"Il y a encore un ancrage, dans la société, de refus de la transidentité"
L'histoire de Stella qui, à 8 ans, ne veut plus être un garçon, lui rappelle bien sûr son propre vécu. Avec cette différence qu'il y a quarante ans, "on n'en parlait pas du tout". "Ce film m'a ramenée à de vrais ressentis, confie-t-elle, mais je ne pouvais pas en parler à l'époque." Pensant que "ça allait s'arrêter", elle raconte avoir "remis un couvercle qui a fait qu'à l'adolescence, avec toujours ces sentiments de vouloir être une fille", elle a "aussi développé un garçon... qui a duré jusqu'à 46 ans."
Dans le reportage, Stella et Alex peuvent compter sur le soutien de leurs familles, mais aujourd'hui encore, ce n'est pas toujours le cas. Sandra Forgues est marraine du Refuge à Toulouse, "association qui accueille des enfants transidentidaires et homosexuels qui sont jetés dans la rue par leurs propres parents", et elle le déplore : "On ne fait pas trop d'efforts pour que les personnes transgenres soient à l'aise dans la vie. Il y a encore un ancrage, dans la société, de refus de la transidentité. Il faudrait que ce soit davantage reconnu, pour qu'il n'y ait aucune question à se poser, y compris de la part de parents qui sont réfractaires à cela."
Aujourd'hui, "il y a moins de progrès à faire, mais il en reste beaucoup"
Pour changer d'état civil, Sandra Forgues a dû batailler dur. Et passer "devant un tribunal de grande instance, aux côtés de personnes qui ont commis des vols, des dégradations, ou pire... Et vous attendez votre tour, en étant coupable d'être vous-même, raconte-t-elle. La juge n'était pas au fait des lois. J'étais la première personne transgenre qu'elle jugeait, et elle m'a demandé tout ce que la loi stipule aujourd'hui de ne plus demander (expertises et contre-expertises médicales...)."
Désormais, du côté des institutions ou de l'administration, "il y a moins de progrès à faire, mais il en reste beaucoup", constate l'invitée de l'émission. "Il y a plein de trous juridiques dans beaucoup de secteurs. (...) On a vu des écoles où les enfants étaient face à des murs. Tout ça, c'est autant de 'claques' que la personne transidentitaire prend dans la figure tout au long de sa transition. Et totalement inutiles, parce que les choses finissent par se faire."
"Stella et Alex n'auront pas à mentir, ils vont vivre toute leur vie dans le 'bon' genre"
"Ces jeunes comme Stella et Alex, ce qui est incroyable, conclut-elle avec enthousiasme, c'est qu'ils n'auront pas à mentir, se mentir à eux-mêmes et mentir aux autres. Ils vont vivre toute leur vie dans le 'bon' genre. (...) Si j'avais à leur dire quelque chose, c'est 'Bravo, vivez, profitez de cette vie qui vous attend avec votre nouveau genre. Allez-y, n'hésitez pas, foncez !'"
Une interview diffusée dans "Envoyé spécial" le 25 février 2021.
> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique "Magazines".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.