Témoignage "Ce prêtre a été très courageux, il l'a fait à un moment où ça ne se faisait pas" : un couple de femmes raconte sa bénédiction, il y a 14 ans

Article rédigé par franceinfo - Jeanne Maisiat
Radio France
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Elisabeth et Géraldine lors de leur pacs en 2009. (RADIOFRANCE/FRANCEINFO)
Le Vatican a autorisé la bénédiction des couples homosexuels hors liturgie en décembre dernier, mais certains prêtres catholiques n'ont pas attendu pour la pratiquer. Géraldine et Elisabeth ont pu en bénéficier en 2010, au moment de leur fête de Pacs.

Géraldine et Élisabeth sont en couple depuis 2006. Si la première vit sa foi dans le cadre du foyer, d'une manière personnelle, la seconde est une catholique très pratiquante. Quand en 2009, elles ont décidé de s'unir, la signature de leur Pacs fut rapide, au sein du tribunal de grande instance d'Avesne-sur-Helpe dans le Nord, et pas très festif. C'est la raison pour laquelle elles ont décidé d'organiser une fête l'année suivante, pour célébrer leur amour, et d'y inclure un moment religieux. "Ça avait beaucoup d'importance pour moi, explique Élisabeth. Je prie régulièrement et j'aime bien me rassembler avec d'autres catholiques pour les choses importantes de la vie".

Mais à cette période, le contexte était compliqué puisque le mariage civil homosexuel n'était pas encore autorisé, les débats autour du mariage pour tous n'avaient pas encore eu lieu. Il a donc fallu trouver des personnes qui acceptent de les bénir et de prier avec elles. Élisabeth raconte qu'"il n'y avait en France quasiment aucun groupe, aucune église, ni chez les catholiques, ni chez les protestants, qui était ouvert."

"Il y avait peut-être une église protestante américaine à Paris qui faisait ça, mais bon... Nous n'étions ni à Paris, ni chez les protestants, donc on a fait avec les moyens du bord".

Elisabeth

à franceinfo

Les deux femmes ont donc contacté une pasteure protestante hollandaise que connaissait Élisabeth, et qui a accepté de les bénir, car c'est une pratique qu'elle avait l'habitude de faire aux Pays-Bas. Puis elles ont contacté un de leurs amis en France, un prêtre catholique, André. "C'était beaucoup plus compliqué pour lui, raconte Élisabeth, dans un contexte où ce n'était pas du tout autorisé officiellement par l'Église". Les deux femmes saluent donc son choix : "Il a eu du courage quand même, parce qu'il l'a fait à un moment où ça ne se faisait pas". 

Une cérémonie dénoncée à l'évêque

Après cette célébration, une personne a quand même dénoncé le couple à l'évêque de Cambrai. Ce qui a conduit le prêtre à devoir s'expliquer. Élisabeth indique qu'il s'en est sorti en disant que les deux femmes faisaient partie de ses amies, et qu'il ne pouvait pas refuser leur demande de prier avec elles. "C'était assez habile en fait, parce que ce n'était pas une réponse militante (...). C'est sûr qu'au fond de moi j'aurais préféré qu'il dise des choses plus militantes, mais je sais très bien comment ça marche dans l'Église catholique, surtout à cette époque-là". Les deux femmes ont donc décidé de rencontrer l'évêque à leur tour, une rencontre qu'elles décrivent comme particulière : "Nous n'étions pas vraiment sur la même longueur d'onde". 

À la suite de cela, les deux femmes ne s'étaient que rarement replongées dans les souvenirs de cette fête. En 2013, quand cela a été rendu possible, elles se sont mariées. Aujourd'hui, elles estiment qu'il est important que le Vatican évolue sur ce thème, afin de montrer à la jeunesse qu'être homosexuel "ce n'est pas grave, ce n'est pas un problème, et que ça se célèbre aussi, indique Élisabeth. Cela montre qu'un chemin est possible pour un couple de même sexe, avec la religion". 

Alors que le Vatican a autorisé en décembre 2023 la bénédiction des couples homosexuels, certaines personnes avaient déjà pu en bénéficier auparavant.
Témoignage. Il y a 14 ans, Élisabeth et Géraldine ont pu bénéficier d'une bénédiction d'un prêtre catholique Alors que le Vatican a autorisé en décembre 2023 la bénédiction des couples homosexuels, certaines personnes avaient déjà pu en bénéficier auparavant. (RADIOFRANCE/FRANCEINFO)

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