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Rassemblement contre l'homophobie à Rouen : "Il faut sensibiliser dès le plus jeune âge", explique Aline Cottineau (SOS Homophobie)

Une manifestation a lieu ce samedi à Rouen à l'initiative de l'interLGBT. Elle fait suite à la violente agression homophobe survenue dans la nuit du 24 au 25 octobre à Rouen. 

Article rédigé par franceinfo
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Un passage piéton aux couleurs de l'arc-en-ciel LGBT à Périgueux, le 17 mai 2018 (photo d'illustration). (GEORGES GOBET / AFP)

"En 2018, ce n'est pas normal qu'on puisse encore avoir ce genre d'actes", a déclaré samedi 3 novembre sur franceinfo Aline Cottineau, co-déléguée territoriale de SOS Homophobie pour la Normandie, et référente IMS (Interventions en Milieu Scolaire), interrogée sur la recrudescence des agressions homophobes depuis septembre 2018.

Selon elle, il faut "sensibiliser tout petit", à l'école, pour éviter ce genre d'actes. Un rassemblement et une chaîne humaine auront lieu ce samedi à 14 heures sur le Pont Corneille à Rouen, à l'initiative de l'interLGBT. Un mouvement qui a pour mot d'ordre "Non à la haine", après la violente agression homophobe survenue dans la nuit du 24 au 25 octobre à Rouen.

franceinfo : Depuis l'annonce de cette manifestation, on a appris qu'encore une nouvelle victime d'une agression était à déplorer, une jeune femme frappée au visage le soir d'Halloween, à Paris. Pour vous, chaque nouveau cas est un peu plus insupportable ?

Aline Cottineau : Tout à fait. On peut estimer qu'en 2018, ce n'est pas normal qu'on puisse encore avoir ce genre d'actes. On en déplore un certain nombre depuis la fin des vacances, et c'est vrai que pour nous c'est intolérable.

Emmanuel Macron a jugé inacceptables les violences homophobes, et le gouvernement a présenté des mesures nouvelles. Est-ce qu'elles vous semblent suffisantes ?

Je ne dirais pas qu'elles sont suffisantes, je dirais que c'est une avancée importante. Cela prouve que le gouvernement a envie d'avancer dans la lutte contre ces violences. Après, ce que je déplore un petit peu, c'est que le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer n'était pas présent à cette réunion. Je pense qu'il est nécessaire, en tant qu'intervenante en milieu scolaire, que l'on sensibilise les plus jeunes, dès le plus jeune âge, à ce qu'est l'homophobie et à ce qu'est l'homosexualité.

Racontez-nous ce qui se passe quand vous évoquez ces sujets aujourd'hui avec les plus jeunes...

Cela dépend des classes, des niveaux, des secteurs dans lesquels nous intervenons. On constate notamment dans les quartiers dits "sensibles" en ville qu'on entend plus des insultes, des gens dire "si mon frère était homosexuel, moi je le poignarde", des choses comme cela. En campagne, c'est un peu plus tu, un peu plus caché, les gens hésitent à dire ce genre de choses. En fonction des zones, ça n'est pas du tout la même chose. Je pense que c'est important d'insister et répéter ces efforts de prévention. C'est comme l'apprentissage de la langue. Pour éviter ce genre de choses, dès qu'on est en âge de comprendre des événements, il faut sensibiliser tout petit.

Vous ne craignez pas qu'il y ait un phénomène de répétition, avec ces cas médiatisés ?

Je ne peux pas juger ce qu'il se passera plus tard, mais ce qui est sûr, c'est que le fait qu'on relaie dans les médias toutes ces agressions, ça donne quelque part une légitimité à ce qu'il se passe. J'ai été personnellement choquée par exemple par ce qu'il s'est passé après l'agression de Romain, quand on lui a demandé de relever son tee-shirt, pour montrer à tout le monde les blessures qu'il avait. J'ai trouvé ça un peu déplacé.

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