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"Ce n'est pas possible que ce soit encore aujourd'hui une problématique" : le patineur Guillaume Cizeron se confie après avoir rendu publique son homosexualité

Le multiple champion du monde a fait son coming out pour lutter contre l'homophobie, mais refuse de devenir un porte-drapeau de la communauté LGBT.

Article rédigé par Jérôme Val - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Guillaume Cizeron et sa partenaire Gabriella Papadakis, lors de leur victoire au Grand prix ISU à Turin, le 7 décembre 2019. (MARCO BERTORELLO / AFP)

"En faisant ça, ce n'était pas un risque, mais je m'expose à la haine, à des critiques, à toutes sortes de choses." C'est une prise de position rare dans le sport de haut-niveau : le patineur Guillaume Cizeron, multiple champion du monde, vice-champion olympique, a rendu publique cette semaine son homosexualité. Pour, selon lui, servir la cause de la communauté LGBT et lutter contre l’homophobie, mais pour autant sans en faire un étendard pour la suite de sa carrière. Pour la première fois à la radio, le Français s’explique sur son choix.

Je ne suis pas le premier à en parler, donc je n'ai pas l'impression de briser vraiment un tabou, mais c'est vrai que c'est un sujet qui reste encore tabou en France, comme dans beaucoup d'autres pays.

Guillaume Cizeron

à franceinfo

Guillaume Cizeron s’est longtemps posé la question : rendre publique son orientation sexuelle peut-il contribuer à faire reculer les clichés sur l’homosexualité ? À 25 ans et alors qu’il est au sommet de sa carrière avec sa complice de danse sur glace Gabriella Papadakis, le Français s'est finalement décidé. "Donc oui, je pense que c'est toujours un peu apeurant d'aller parler de ce genre de choses, qui sont encore des sujets délicats et qui entraînent de la discorde."

Même si depuis quelques jours, Guillaume Cizeron se dit surpris par les commentaires positifs autour de son témoignage : plusieurs patineurs de l’équipe de France lui ont notamment envoyé des messages de soutien. Il sait aussi que son image va sans doute changer à l’avenir, mais peu importe. "Je me le suis demandé, et en me le demandant, je me suis dit 'mais ce n'est quand même pas possible que ce soit encore aujourd'hui une problématique', alors que pour moi, ça devrait être quelque chose de complètement normal."

Mais au moins ça provoque des réactions et ça enclenche une discussion, c'est ça que je trouve le plus important.

Guillaume Cizeron

à franceinfo

"Cela m'a poussé encore plus à le faire, parce que je me suis dit 'il faut que ce soit normal' alors je vais en parler normalement, poursuit le patineur. Il faut encore travailler pour changer les mentalités de certaines personnes et je pense que ça passe justement par des discussions et des gens qui en parlent, comme moi, comme beaucoup d'autres. Je pense que le monde est prêt pour ça, il le faut de toute façon."

Pas un porte-drapeau

Mais Guillaume Cizeron, toujours confiné à Montréal, au Canada, où il vit depuis plusieurs années avec son compagnon, ne veut pas devenir un porte-drapeau. "C'est aussi mon combat de sortir des stéréotypes. Je n'ai pas du tout envie d'être connu comme 'le sportif gay', ce n'est pas ça mon but. Après, ce n'est pas moi qui vais décider de ça, malheureusement, j'ai toujours eu un petit peu d'hésitation parce que je n'ai pas envie que ce soit la chose que les personnes retiennent de moi."

Je suis un sportif avant tout.

Guillaume Cizeron

à franceinfo

Le patineur français, qui prépare les Jeux olympiques dans deux ans, confie ne jamais avoir été un militant. Mais avec ce témoignage, il envisage de s’investir davantage dans la défense des droits des homosexuels.

Le patineur Guillaume Cizeron évoque son homosexualité : interview de Jérôme Val

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