Les sectes prospèrent, grâce au boom des psychothérapies
Elles font rarement parler d'elles, et pour cause : les sectes avancent masquées. Identifiées comme telles, elles feraient plutôt figure de repoussoir. Aussi changent-elles souvent de nom, et d'attribution.
_ Et il est un terreau qui leur est particulièrement favorable : le développement personnel - les psychothérapies en tout genre.
C'est la Miviludes, la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires, qui tire le signal d'alarme. Dans son rapport annuel, publié ce matin, elle explique ainsi que quelque 500 à 600 mouvements sectaires sont établis en France, contre moins de 200 il y a 15 ans. Un triplement, donc, dû à des “niches nouvelles”, selon le mot du président de la Miviludes, Georges Fenech.
Et la mission de décrire par le menu un certain nombre de formations fantaisistes - c'est assez innocent - et déstabilisantes - ça l'est moins.
_ La Miviludes demande officiellement qu'un recensement de ce type de pratiques et des différents organismes soit fait. Car, dit-elle, la demande est très grande et l'offre assez disparate...
La riposte des pouvoirs publics
D'ailleurs, les pouvoirs publics s'en mêlent - et la Miviludes s'en félicite.
Le ministère de la Santé a mis en place un “groupe d'appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique”, en février dernier.
Le ministère du Travail, lui, traque les cas de travail dissimulé. Il va également réformer la formation professionnelle, pour doter les organismes d'un agrément administratif (actuellement, une simple déclaration suffit pour être répertorié comme organisme de formation professionnelle).
Quant à l'Education nationale, elle va se pencher sur les dérives sectaires
liées à l'école à domicile.
_ La Miviludes souligne que de nombreux groupements sectaires invoquent l'instruction dans les familles pour justifier la scolarisation sur place, alors que cette pratique doit être limitée à deux familles.
Pour l'heure, il n'existe pas de liste des mouvements sectaires opérant en
France. Il y avait bien eu, en 1994, un rapport parlementaire qui avait publié une liste, d'environ 200 noms. Mais celle-ci était rapidement devenue obsolète : de nombreux mouvements avaient rapidement changé de nom ou d'adresse...
_ Pas question d'établir une nouvelle liste aujourd'hui ; le président de la Miviludes propose plutôt d'établir un "référentiel", sorte de répertoire des pratiques à risque.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.