Vidéo "Les garçons nous jetaient des ballons pour nous virer des terrains..." Comment des sportives se réapproprient l'espace public pour jouer au football

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Sine Qua Non
Sine Qua Non Sine Qua Non (franceinfo)
Article rédigé par Cédric Cousseau
France Télévisions
À Paris comme partout en France, les terrains de football sont souvent monopolisés par des garçons ou des hommes. L'association "Sine Que Non" œuvre pour que les femmes et jeunes filles aient le droit, comme eux, de chausser les crampons.

"Le football féminin, c'est vraiment nul", "elles ne savent pas jouer", "elles gâchent le sport"... Ces insultes et préjugés, Kamélia les a entendus maintes fois en entrant sur un terrain de football. Des propos scandés par certains hommes considérant qu'elle n'avait rien à faire sur place. Mais pas de quoi être intimidée. Elle accompagne chaque semaine à Paris et en Ile-de-France des jeunes filles pour qu'elles aussi puissent profiter des joies du ballon rond. "Il est même arrivé que des garçons secouent les cages et nous jettent des ballons pour nous virer..."

ll faut une sacrée dose de courage pour affronter de telles intimidations et une présence essentiellement masculine. Selon les chiffres officiels, 95% des terrains sont occupés par les garçons. Pour rééquilibrer la statistique, Kamélia porte le maillot de "Sine Qua Non" en tant que coach, une association dont le but est de permettre aux femmes de se réapproprier l’espace public et de lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans le sport. Grâce à des créneaux dédiés et au dialogue, la structure investit des stades urbains pour évoluer d'abord entre filles.

Une évolution des mentalités

"On demande aux garçons de se retirer. Pour cela, on parle, on négocie, parfois il faut faire intervenir des éducateurs. Très peu de femmes oseraient venir jouer seule et beaucoup de garçons préfèrent ne pas jouer que de jouer avec des filles, affirme Kamélia. Cette première étape permet aux femmes de prendre confiance en elles, de ne pas se sentir jugées, de faire du sport sans honte." Les regards évoluent avec le temps, à force de voir les femmes frapper la balle. Et à terme, des matches mixtes peuvent se tenir.

Une des grandes victoires de Kamélia : voir ces femmes changer également. "Avant, elles arrivaient méfiantes, ne souriaient pas trop et ne se sentaient pas légitimes. Aujourd'hui, elles ne se disent plus qu'elles sont nulles au foot. Elles viennent en courant et avec le sourire. Elles prennent la parole quand il y a des remarques. Elles se sont données le droit d'être là." L'association intervient également dans d'autres disciplines comme la course à pied et organise ce samedi 9 mars sa 6e "Sine Que Non Run" pour "piétiner" les agressions verbales et physiques dont sont victimes les coureuses.

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