Les enfants des quartiers défavorisés estiment ne pas avoir les mêmes chances que les autres
Publiée mardi, la troisième consultation nationale "Écoutons ce que les enfants ont à nous dire", réalisée par l'Unicef, met en lumière les inégalités auxquelles sont confrontés les enfants et les adolescents issus des quartiers les plus défavorisés.
"Les enfants et les adolescents des quartiers les plus défavorisés sont les victimes d'un cumul d'inégalités" : c'est la conclusion d'une enquête publiée mardi 29 novembre par l'Unicef, le fonds des Nations unies pour l'enfance. Pour cette consultation, intitulée "Écoutons ce que les enfants ont à nous dire", 22 000 enfants de 6 à 18 ans ont été interrogés entre octobre 2015 et juin 2016. Elle démontre que les jeunes des quartiers prioritaires cumulent un ensemble de privations et de difficultés d'intégration. Cela "engendre un sentiment de dévalorisation de soi et une perte de confiance dans l'avenir", poursuit l'étude.
Un sentiment de non-respect de leurs droits
Dès 6 ans, plus de la moitié des enfants des quartiers prioritaires (54%) témoignent de leur manque d'accès aux savoirs, alors que ceux issus des centres-villes ne sont que 37% à ressentir ce manque. Ils sont 41% à souligner un déficit d'activités culturelles ou de loisirs. Ils ont ainsi près de "quatre fois plus de risques d'être angoissés de ne pas réussir à l'école", souligne l'enquête, qui note également que près d'un tiers (28%) des enfants s'estiment en situation de privation d'accès aux soins.
Selon les auteurs de l'enquête, ces jeunes de 6 à 18 ans ont très tôt la perception qu'ils n'ont pas les mêmes chances que les autres. Ils sont 13% à estimer que leurs droits ne sont pas respectés dans leur quartier, et 7% qu'ils ne le sont pas non plus en France.
Ces enfants grandissent en ayant intériorisé l'idée d'injustice
Les discriminations ethniques ou religieuses, ainsi que le harcèlement sur internet ou dans les quartiers aggravent ces inégalités vécues par les enfants. Pour l'haptothérapeute Catherine Dolto, l'intériorisation de ces injustices peut provoquer notamment "une révolte contre cette société qui ne sait pas voir les potentialités et le désir d'apprendre."
Le rapport de l'Unicef adresse également cinq recommandations au futur président de la République : l'augmentation des places en crèches et la scolarisation des enfantsmoins de trois ans, des politiques publiques élaborées en association avec les enfants, des moyens matériels et humains garantis pour l'éducation, une meilleure formation des enseignants et des ressources affectées en priorité aux enfants les plus vulnérables.
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