Les enfants d'immigrés trouvent trois fois moins de travail que les autres en France
Les conclusions de l'étude de
l'INSEE "Immigrés et descendants d'immigrés en France" ne sont pas
une surprise. Les enfants de personnes ayant migré du continent africain vers
la France sont trois fois plus au chômage que les autres. L'étude montre que
cinq ans après avoir quitté le système scolaire, 11% des Français ayant des
parents natifs de France sont au chômage contre 29% des descendants d'immigrés*****
d'Afrique.
Les raisons d'un tel écart
La première raison est liée
au diplôme. 30% des enfants d'immigrés d'Afrique sortent du système scolaire
sans diplôme. En France, "l'accès à l'emploi commence le plus souvent par
un ou plusieurs contrats courts" , note l'étude de l'INSEE, "le diplôme
joue un rôle majeur et clivant dans la transition CDD/CDI" . Les auteurs
poursuivent, "d'origines plus modestes, les descendants d'immigrés d'Afrique
ont des parcours de formations plus courts et des niveaux de diplôme plus
faibles" .
La seconde raison est "l'origine
sociale nettement populaire" . D'après l'INSEE, plus de la moitié des
immigrés**** venant du continent africain sont "ouvriers ou employés" .
Leurs enfants bénéficient en conséquence moins du "réseau social
parental" , or, selon l'étude, "l'activité des parents contribue au
positionnement dans un réseau de relations sociales qui peut aider les enfants
dans leur recherche d'emploi"* .
Il y a également "le
lieu de résidence" . Ces trois raisons expliquent au moins 61% de l'écart
de taux d'emploi entre les enfants d'immigrés africains et les autres.
Une autre raison, le racisme ?
Il y a pour les chercheurs, une part "inexpliquée" à ce chômage
élevé chez les enfants d'immigrés d'Afrique. "Si les discriminations
existent, leur influence est difficile à mesurer" , notent les auteurs.
Ils tentent donc d'expliquer le phénomène ainsi : "Si l'existence de
discriminations joue vraisemblablement un rôle dans l'écart inexpliqué, ce
dernier peut également refléter l'influence d'autres facteurs non pris en
compte. Les analyses montrent d'abord et surtout que les inégalités sociales,
et en particulier la formation initiale sont en cause de différenciation
importante à l'accès à l'emploi" . L'étude donne tout de même le ressenti
des descendants d'immigrés d'Ile-de-France. Ils avouent qu'ils se sentent
autant discriminés que les immigrés, malgré "des conditions de vie
globalement plus favorables" . L'origine et la couleur de peau sont les
principales causes des discriminations ressenties.
Selon l'étude, 90% des
enfants d'immigrés se sentent Français mais seulement 67% estiment qu'on les
regarde comme tels. Pour Maryse Tripier, sociologue de l'immigration et professeur à l'université Paris VII, "cette enquête corrobore nombres d'enquêtes qui sont
faites depuis une vingtaine d'années (...). On parle de l'obsession des
origines, ça veut dire que ces personnes, qui sont devenues Françaises, sont
renvoyées sans cesse à leur filiation de parents, grands-parents" .
Lexique de l'étude
Les définitions des immigrés
et descendants d'immigrés reposent sur des critères d'état civil.
Immigré : selon le
Haut Conseil à l'intégration c'est une personne née étrangère dans un pays
étranger, résidant en France . En 2008, 5,34 millions d'immigrés vivaient en France,
dont 2,17 millions ont acquis la nationalité française.
*Descendants direct d'immigrés* :
dans l'ouvrage, c'est une personne née et résidant en France, ayant au moins un
parent immigré** . En 2008, 6,7 millions de descendants d'immigrés vivent en France.
Parmi les adultes, 2,2 millions ont deux parents immigrés et 2,3 un seul.
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