Hausse du chômage : le gouvernement accuse la crise
Au total, 4 244 800 personnes étaient à la recherche d'un emploi en novembre en France métropolitaine. La majorité blâme la crise, mais l'opposition accuse la politique économique du gouvernement.
Encore un très mauvais chiffre sur le front de l'emploi, le plus mauvais depuis douze ans. En hausse constante depuis mai dernier, le chômage atteint un nouveau record au mois de novembre. Selon les chiffres publiés par le ministère du Travail, 4 244 800 demandeurs d'emploi au total étaient inscrits à Pôle emploi en métropole fin novembre. Soit 51 800 chômeurs de plus que le mois précédent (+1,2 %).
Une conséquence directe du ralentissement de la croissance
"Quand les chiffres économiques ne sont pas bons, les chiffres de l'emploi ne peuvent pas être bons", a réagi mardi matin par téléphone le ministre du Travail, Xavier Bertrand, sur RTL.
"Il faut limiter au maximum les effets de cette crise." En développant par exemple l'activité partielle et en adaptant le temps de travail, a-t-il indiqué. Le ministre souhaite ainsi offrir aux entreprises plus de souplesse pour pouvoir augmenter ou diminuer le temps de travail en fonction de l'activité. "Cela permet de garder les salariés dans l'entreprise, plutôt que de les licencier", estime-t-il.
Pour freiner la hausse du chômage, Xavier Bertrand a également évoqué "des mesures concernant l'emploi des jeunes", notamment la formation par l'alternance et l'apprentissage.
L'opposition fustige la politique économique du gouvernement
Pour Jean-Claude Mailly, qui a réagi mardi matin sur RMC aux propositions de Xavier Bertrand, "le chômage partiel est un élément clé, mais ne résoudra pas seul la crise". Selon le secrétaire général de Force ouvrière, "la situation est due à la politique économique du gouvernement".
La responsabilité échoit aux mêmes, estime le Parti socialiste. Son secrétaire national au Travail et à l'Emploi, Alain Vidalies, a déclaré que "le gouvernement mène une politique qui ne peut que conduire à la hausse du nombre de demandeurs d'emploi et à l'atonie de la croissance". Il a résumé le bilan de Nicolas Sarkozy à "un million de demandeurs d'emploi supplémentaires en une mandature".
"Il faudrait naturellement un certain changement de politique économique", souligne de son côté Henri Sterdyniak, qui dirige le département économie de la mondialisation de l'Observatoire français des conjonctures économiques, en s'interrogeant sur le report de l'âge de la retraite et la défiscalisation des heures supplémentaires.
Du côté des candidats à la présidentielle, on fait part de solutions pour contrer la hausse du chômage. Si l'équipe de François Bayrou favorise "la relance organisée par une mobilisation générale de la production en France", le Front national préconise un"protectionnisme intelligent".
Septième mois consécutif de hausse
Après le record du mois d'octobre, il s'agit du septième mois consécutif de hausse du chômage. En novembre, le nombre de chomeurs de catégorie A (n'ayant exercé aucune activité) a encore nettement progressé de 1,1 %. Il atteint 2 844 800 personnes, soit 29 900 de plus qu'en octobre.
En incluant les personnes exerçant une activité réduite (les catégories B et C), le chômage a augmenté de 1,2 % en France métropolitaine en novembre. Sur un an, la hausse est de 5,2 %.
Les femmes, les jeunes et les seniors durement touchés
Selon ces chiffres, les femmes sont frappées de plein fouet par la crise, avec un taux de chômage en hausse de 7 % en un an, contre 1,1 % pour les hommes. Il est également très difficile de retrouver un emploi pour les seniors : le chômage des plus de 50 ans a bondi de plus de 15 % sur la même période.
La situation des jeunes de moins de 25 ans se détériore elle aussi : 2,2 % chômeurs de plus en novembre. Enfin, le chômage de longue durée, c'est-à-dire une recherche d'emploi de plus de douze mois, est lui aussi en forte hausse : + 6,6 % en un an.
Vers un autre record ?
Face à l'urgence, le président Nicolas Sarkozy a convoqué pour le 18 janvier un sommet sur l'emploi, que la CFDT notamment réclamait depuis l'annonce, l'été dernier, du premier plan de rigueur concocté par le gouvernement.
La barre des 10 % de demandeurs d'emploi en France pourrait être franchie en 2012. Dans sa note de conjoncture publiée le 15 décembre 2011, l'Insee estimait que le taux de chômage pourrait atteindre 9,6 % fin décembre en métropole, donc dépasser les 10 % en ajoutant les demandeurs d'emplois des DOM-TOM.
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