Le gouvernement a-t-il remporté la bataille des retraites ?
Le mouvement ne s’essouffle pas, " il est en train de prendre une autre forme " (Jean-François Renucci, Cfdt)
Les expéditions de carburants ont repris dans 4 des 12 raffineries françaises. Une partie des salariés grévistes dans la raffinerie Total de Grandpuits a été réquisitionnée vendredi par la préfecture. Dans les raffineries d'Exxon Mobil à Fos-sur-Mer et de Port-Jérôme et Petroplus à Reichstett, c’est la lassitude et les conséquences financières de la grève qui ont eu raison du moral des troupes. Les salariés ont voté hier la levée du mouvement de blocage des personnels.
_ Est-ce à dire que le mouvement de contestation contre la réforme des retraites a atteint ses limites ? Non, répondent les syndicats. D’ailleurs, les salariés - grévistes ou non - des huit autres raffineries du pays poursuivent encore le blocage de la sortie de carburants. Pour Jean-François Renucci, secrétaire général de la fédération Chimie-Energie à la Cfdt, le mouvement ne s’essouffle pas, "il est en train de prendre une autre forme", nuance. Mais alors quelles actions pour demain ? Et surtout pour quel résultat ? C’est toute la question. "Les débats sont ouverts avec les salariés", indique, sans plus de détail, le secrétaire général de la fédération Chimie-Energie à la Cfdt.
"Dans une démocratie, on doit respecter nos institutions" (Eric Woerth, ministre du Travail)
Il est trop tôt pour savoir comment la mobilisation contre lé réforme des retraites s’exprimera demain et si elle s’exprimera encore. Le gouvernement mise sur la fin, de facto, des grèves et manifestations une fois la loi votée. "Dans une démocratie, on doit respecter nos institutions. Dans une démocratie, c’est au fond la loi de la majorité, la majorité issue des urnes", déclarait ce matin le ministre du Travail sur France Info. Et Eric Woerth de poursuivre que "le mouvement qui prend sa place après le vote de la loi ne peut pas être le même que celui avant le vote de la loi", tout en prenant garde de ne pas crier victoire. "Il n’y a pas de gagnant, il n’y a pas de perdant" dans ce conflit, a-t-il insisté.
"Là, c'est la mi-temps" (Christian, éboueur à Marseille)
Pourtant, sauf à renouer le dialogue avec des syndicats et des grévistes qui ne s’estiment ni écoutés, ni entendus par le gouvernement, le bras de fer continuera. C’est ce qu’affirme en tous cas le leader de la CGT, Bernard Thibault. " Le mouvement n'est pas fini ", a-t-il prévenu hier soir sur France 2, rappelant le précédent du Contrat première embauche CPE, voté, promulgué puis retiré en 2006 face à la pression de la rue. D’ici à savoir si la réforme des retraites aura le même destin que feu le CPE....
_ Deux nouvelles journées de mobilisation sont encore programmées jeudi, puis samedi 6 novembre et le principal syndicat étudiant, l'Unef, appelle aujourd’hui à des actions pour "faire passer le cap des vacances" de la Toussaint. "Là, c’est la mi-temps", résume Christian, éboueur à Marseille.
Tandis que certains continuent de s'exprimer dans la rue, en coulisses, on commence déjà à penser à l'après-réforme. Le leader de la CFDT, François Chérèque a ainsi réclamé hier soir une " négociation sur l'emploi des jeunes et des seniors ". Réponse quasi-immédiate de la présidente du Medef, Laurence Parisot, qui a donné son accord lors de l'émission Mots croisés sur France 2.
Cécile Mimaut
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