Le cri d’alarme des prisonniers d’Uzerche

Leurs lettres ont été envoyées "sous le manteau", au moment du parloir, pour ne pas alerter l’administration. "Nous voulons briser l’omerta qui règne ici " , écrivent les détenus dans leurs courriers manuscrits. Ils évoquant des "humiliations quotidiennes ", " des brimades récurrentes ", une forme de déshumanisation de la vie en prison.

Selon l’un des détenus qui nous a écrit, certains surveillants feraient de la rétention de courrier et l'administration refuserait des permissions de sortie pour des raisons parfois futiles.

"A Uzerche, certains craquent car, au quotidien, tout est compliqué " , affirme Véronique. Le 11 juin dernier, son mari, Carl, était retrouvé pendu dans sa cellule.

Si l’observatoire international des prisons (OIP) confirme de nombreuses plaintes de détenus d'Uzerche, ceux-ci ne seraient pas moins bien lotis qu'ailleurs.
De son côté, l'administration pénitentiaire parle d'un centre de détention moderne, qui n’est pas surpeuplé. Une prison comme les autres. Les surveillants de prison se défendent de mal faire leur travail ou de chercher à humilier certains détenus. Même si, ils le reconnaissent, les rapports sont parfois très tendus.

Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, a visité le centre de détention d'Uzerche du 4 au 8 octobre dernier. A cette époque, 486 détenus y étaient incarcérés (la capacité de la prison est de 600 places). Mais le contrôleur des prisons aurait noté un mal être de certains détenus qui refusent souvent d'être affectés d'Uzerche, une prison située en pleine campagne, loin des principaux axes de circulation. Un sentiment que partagerait également une partie du personnel.

Elodie Guéguen avec Philippe Graziani (France Bleu Limousin)