Le Charles de Gaulle à nouveau en cale sèche
Une fois encore, le fantôme du second porte-avion mort-né vient hanter les arsenaux de la Marine nationale. Il suit de près les mésaventures du rejeton survivant du programme de porte-avions nucléaires français, qui devait à la base accoucher de jumeaux.
Il faut dire que le Charles de Gaulle, qui sort d'un an et demi d'immobilisation pour cause de grande visite de révision. Programmée de longue date celle-là, est de retour en cale sèche. Et pour un bout de temps : “entre plusieurs semaines et plusieurs mois”, indique la Marine. Cette fois, le navire amiral de la “Royale” souffre d'une “ usure anormale de deux pièces mécaniques d'entraînement des lignes d'arbres”, explique un communiqué officiel. Les marins ont en effet constaté des vibrations anormales à la mer. Et l'immobilisation permettra d'effectuer des examens complémentaires.
_ Sorti de sa visite en novembre, il menait une campagne de tests pour être déclaré bon pour le service à la fin du printemps. Finalement, donc, il retourne au port.
En attendant, la mer sera vide de porte-avion français. Une absence qui vient heurter la doctrine de la permanence d'un groupe aéronaval opérationnel, pièce de poids - jusqu'ici - dans le jeu diplomatique hexagonal. Les porte-avions permettent en effet d'assurer une présence forte et visible en tout point du Globe. Politique qui a jusqu'à présent permis à la France de s'affirmer en tant que grande puissance, tant vis à vis de ses partenaires que de ses adversaires.
“Le porte-avion est en mer, on l'a pour six ans.” (Morin)
Mais entre les problèmes d'hélices et de pont d'envol qu'il a connu lors de son lancement en 1999, sa grande visite et son immobilisations actuelle, le Charles de Gaulle démontre qu'il ne peut assurer cette mission à lui tout seul. Le mois dernier encore, le ministre de la Défense, Hervé Morin, réaffirmait qu'il était “logique” d'avoir un second porte-avion. Logique, mais pas pressé : “Le porte-avions est en mer, on l'a pour six ans, on verra bien pour le second” s'est-il avancé, sans doute un peu vite, lors de la remise à l'eau en novembre.
Considérant que la Défense avait d'autres priorités (hélicoptères de transport, de nouvelles frégates ou le remplacement du Transall par l'A400M, l'Airbus de transport militaire), le président de la République a repoussé à 2012 la décision de construire ou non ce second porte-avions. Nouveau report dans un dossier qui fait du sur-place depuis plus de dix ans, alors que le projet initial prévoyait sa construction dans la foulée du premier, pour bénéficier du fameux effet de série. Mais en terme de doctrine de présence et de visibilité en tout point du Globe, Nicolas Sarkozy, devenu people international, considère sans doute qu'il vaut bien un porte-avion.
Grégoire Lecalot, avec agences
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