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Lanceurs d'alerte : "On en sort brisé", témoigne Maureen Kearney, lanceuse d'alerte et ancienne syndicaliste chez Areva

Maureen Kearney est invitée aux 8es Rencontres annuelles des lanceurs d’alerte, les 11 et 12 novembre à Saint-Denis.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Maureen Kearney ancienne syndicaliste chez Areva. (PHILIPPE RIDOU / MAXPPP)

"J'ai rencontré beaucoup de lanceurs d'alertes, et on en sort brisé", a témoigné vendredi 10 novembre sur franceinfo, la lanceuse d'alerte Maureen Kearney ancienne syndicaliste chez Areva, agressée en 2012, invitée à l'occasion des 8es Rencontres annuelles des lanceurs d'alerte. Son histoire a inspiré une mini-série documentaire de deux épisodes de Nina Robert, ainsi que le film La Syndicaliste de Jean-Paul Salomé avec Isabelle Huppert.

franceinfo : Quelle est la réalité pour les lanceurs d'alerte ?

Maureen Kearney  : Ce sont d'abord des années de terreur, de peur et d'incompréhension. Les valeurs qu'on pensait universelles, de respect, de compréhension, de corporation se cassent la figure et on se demande à quoi s'accrocher.

"On ne s'habitue jamais, jamais, jamais à la peur. Moi, j'ai eu beaucoup de chance, car j'ai été très soutenue par la CFDT, ma famille, mes amis, constamment pendant toutes ces années."

Maureen Kearney, ancienne syndicaliste chez Areva

à franceinfo

Pour moi, la justice a fonctionné, mais c'est un un psychiatre militaire spécialisé dans le syndrome de stress post-traumatique qui m'a sortie de la terreur dans laquelle j'étais. Mais j'ai rencontré beaucoup de lanceurs d'alerte, femmes et hommes, et on en sort brisé.

Est-ce que cette réalité décourage de potentiels lanceurs d'alerte ?

Il me semble. Sauf qu'il me semble aussi que les lanceurs d'alerte ne sont pas dans le calcul. On voit quelque chose qui n'est pas acceptable et on essaye d'avertir, et c'est après qu'on se rend compte de ce que ça peut entrainer.

Quel est encore le principal problème encore aujourd'hui ?

Sans mon syndicat, je n'aurais pas pu aller jusqu'au bout. La justice coûte très cher en France, et il faut avoir des moyens financiers, psychologiques et mentaux pour aller jusqu'au bout.

En dix ans, avec la loi Waserman du 21 mars 2022, est-ce qu'on a fait des progrès ?

Juridiquement, on a fait des progrès. Mais il faut voir l'application... Il y a un vide entre la législation et l'application de la loi. Par exemple, la Défenseure des droits fait un travail formidable, elle est très investie. Mais ils n'ont pas beaucoup de moyens financiers ! Ils ne proposent pas d'aide psychologique et ils ne peuvent pas proposer d'aide financière.

Ce sont les 8es Rencontres annuelles des lanceurs d'alerte, à la MSH Paris-Nord La Plaine Saint-Denis. À quoi servent ce type d'évènements ?

Le salon des lanceurs alerte est essentiel. Car il permet aux personnes de parler et d'être crus. C'est comme les femmes victimes de violences domestiques, il faut les croire. Ce pays n'est pas plein de gens avec une imagination débordante, voire folle !

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