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"La qualité bio a un prix c'est certain"

Elisabeth Mercier est directrice de l'Agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique
Article rédigé par France2.fr
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Elisabeth Mercier, directrice de l'Agence Bio (© Photo Ange Herrero Lucas)

Elisabeth Mercier est directrice de l'Agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologiqueElisabeth Mercier est directrice de l'Agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique

L'agriculture biologique exige plus de travail que l'agriculture traditionnelle et une grande technicité. Ceci dit, les chiffres révèlent que seulement 8% des Français consomment des produits bio quotidiennement (CSA/Agence BIO).

L'obstacle majeur à la popularisation de cette agriculture haut de gamme semble être son prix. Enquête

Que peut-on faire pour rendre l'agriculture biologique accessible à tous ?


C'est vrai que les produits bio sont en général plus chers. C'est le premier frein à leur achat. Mais ce n'est pas systématique. Dans certains magasins des produits bio sont proposés à des prix très proches des produits classiques. Et certains agriculteurs font des efforts pour maîtriser les prix et réduire leurs marges mais eux aussi doivent pouvoir vivre de leur travail.
Pour baisser les prix il faut développer la production. Les consommateurs doivent pouvoir trouver ces produits partout et c'est notre priorité. Ceci dit la qualité bio a un prix c'est certain.

Les contrôles imposés à l'agriculture biologique sont nombreux et coûteux, sont-ils tous justifiés ?

Tous les acteurs du bio ont un contrôle obligatoire par an où tout est surveillé y compris la comptabilité. S'il y a un problème, la sanction est automatique. Ces contrôles sont réalisés par des organismes privés avalisés par l'Etat qui assure leur impartialité. Mais là encore cela a un prix. Toutefois depuis quelques années les Régions ont mis en place une réduction des prix de contrôle pour favoriser les consommateurs. Dans certains pays c'est l'Etat qui financent le bio. D'autre part ces contrôles viennent s'ajouter à ceux déjà existants des services vétérinaires et anti-fraude.

Sont-ils tous justifiés ?

C'est une auto-discipline pour assurer un très haut niveau de garantie pour les consommateurs et ils jouent également un rôle dissuasif.

L'agriculture biologique est-elle plus respectueuse de l'environnement que l'agriculture traditionnelle ?

Cela fait partie de ses principes, de ses valeurs et de ses techniques. C'est un système de gestion globale qui pratique la rotation des cultures ce qui développe la fertilité des sols grâce à des plantes adaptées à leurs terroirs. La rotation des cultures permet aussi de casser le cycle des maladies. Cela préserve la qualité de l'eau et la biodiversité. C'est un travail avec la nature qui n'utilise ni produits chimiques de synthèse ni OGM.

Pourtant les travaux récents de Michel Doreau, chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), révèlent que agriculture bio et agriculture traditionnelle polluent sensiblement autant...

C'est vrai que quand les rendements sont plus faibles on peut avoir un résultat identique. Mais le bio n'implique pas de transports des intrants. Monsieur Doreau ne traite qu'un élément et sort le sujet de son contexte."Les smicards ne peuvent pas se payer du bio"
Bernard Guidez est président du Forum de l'agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement. Verbatim

"Les gens voudraient acheter bio mais ils ne peuvent pas car c'est trop cher. Les smicards ne peuvent pas se le payer. Ce qui me gène c'est que dans le secteur bio, certains veulent rester entre eux et pensent que le reste des agriculteurs sont tous mauvais et que ce sont des pollueurs. Ces gens là ne détiennent pas la parole d'Evangile. On avance toujours l'argument que le bio n'utilise pas de produits chimiques de synthèse mais c'est faux. Si tout n'est pas à jeter dans le bio, certains produits sont néanmoins dangereux. Le sulfate de cuivre en est un et peut causer de graves dégats. La Rothénon idem. C'est un insecticide cancérigène comme tous les autres autorisé par l'agriculture biologique. Et c'est pareil pour le souffre.
Moi je suis pour une agriculture raisonnée car il y a toujours un deal à faire entre énergie et chimie. La chimie ne demande aucune énergie, ni physique, ni électrique, mais c'est dangereux. Tandis que l'énergie est sûre mais pollue. Il doit donc y avoir une complémentarité des méthodes. Un peu d'énergie et un peu de chimie."

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