La moitié des grandes entreprises engagées contre le stress au travail
D'ici une dizaine de jours, le monde des grandes entreprises françaises se divisera en trois. Celles qui sont classées “feu vert”, c'est à dire qu'elles ont signé un accord sur la prévention du stress au travail; celles qui sont “feu orange”, qui ont entamé des démarches pour y aboutir; et enfin, celles qui sont “feu rouge”, les mauvais élèves, qui n'ont rien fait.
Ce classement sera le premier effet visible du plan d'urgence de prévention du stress professionnel, lancé en octobre dernier par le ministre du Travail, Xavier Darcos. Il s'agissait de réagir à la série de suicides très médiatisée chez France Télécom, qui a révélé au grand jour un phénomène largement répandu.
Les entreprises de plus de 1.000 salariés étaient donc priées d'ouvrir, et si possible d'achever, des négociations en vue de la mise en place de filets de prévention pour lutter contre le stress au travail, souvent dû aux conditions d'exercice et aux objectifs fixés aux salariés. Normalement, la date butoir fixée par le gouvernement était ce lundi, mais comme environ la moitié des 1.500 entreprises concernées se sont inscrites sur le site de ministère, où elles doivent préciser leur démarche, l'administration a décidé de leur laisser jusqu'à la mi-février.
Premiers bénéficiaires de cette nouvelle tendance, les cabinets de conseil spécialisés. Ils ont été pris d'assaut au point que certains doivent refuser des clients, et ils ont même lancé des recrutements.
Pour le reste, les observateurs restent sceptiques, voire critiques. Patrick Légeron, du cabinet Stimulus regrette que les pouvoirs publics ne parviennent pas “à prouver que les entreprises seront gagnantes d'un point de vue économique”.
_ Selon l'Association nationale des directeurs des ressources humaines, “les entreprises vont surtout faire des effets d'annonce pour répondre au ministère mais ensuite il y a l'effet réalité, et certaines auront des difficultés à mettre en pratique leurs actions car il faut du temps”, estime son responsable Jean-Ange Lallican.
Les syndicats ne cachent pas leur scepticisme. Pour Jean-Louis Malys (CFDT) “certaines entreprises cherchent à fournir une aide
psychologique ou à repérer les personnes faibles, d'autres sont prêtes à aller plus loin et à travailler sur les origines du stress”. C'est cette dernière approche qui fait défaut selon la CGT-cheminots dans les discussions engagées à la SNCF.
Chez France Télécom, où des négociations engagées en septembre se
poursuivent, les syndicats attendent une “rupture” notamment dans les méthodes managériales, que pourrait incarner Stéphane Richard, probable successeur au PDG Didier Lombard.
A Pôle Emploi, né il y a un an de la fusion ANPE-Assedic, une série de
tentatives de suicide sur le lieu de travail, cinq rien que fin 2009, ont
contribué à l'ouverture de négociations début janvier.
D'autres entreprises, comme Carrefour France, affirment qu'elles n'ont “pas attendu la demande du gouvernement pour agir”, avec des études et des formations développées depuis plusieurs années. Or “finalement, on nous dit que le niveau de stress est similaire ou inférieur à d'autres entreprises et il y a des recommandations comme égayer les salles de pause ou améliorer l'ergonomie des sièges des caissières mais le mal est beaucoup plus profond”, déplore une déléguée CGT.
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