La mission d'exploration de La Boudeuse coulée
Un trou de 400.000 euros, c'est encore plus efficace pour couler une mission d'exploration nautique qu'une déchirure dans la coque. 400.000 euros, c'est le montant des dettes du trois-mâts d'exploration La Boudeuse, selon son capitaine, Patrice Franceschi. Résultat, La Boudeuse, à court d'argent, doit non seulement abandonner la mission Terre-Océan en cours, mais encore être vendue aux enchères pour se renflouer. Mise à prix, deux millions d'euros. Le navire a donc quitté le Venezuela pour la base de la Marine nationale à Fort-de-France, en Martinique.
Dans son mot posté sur le site internet de la mission, Patrice Franceschi reste évasif. Il évoque “l’épuisement définitif de tout financement public ou privé”. Il est un peu plus disert face à la presse : “L'argent promis par le ministère (de l'Ecologie, ndlr), 500.000 euros en janvier dernier, n'est pas arrivé. Nous devons définitivement affaler les voiles”, déplore le capitaine. A Paris, l'entourage du capitaine confirme... et fulmine contre Jean-Louis Borloo : “il n'a pas tenu ses engagements... Il s'est servi à bon compte de la Boudeuse pour faire la pub de son Grenelle de la mer”, accuse l'un des soutiens de Patrice Franceschi. “L'argent, qui devait être versé en deux fois, ne l'a jamais été”, détaille un autre.
Si cette version est avérée, le lâchage en pleine mer du ministère est retentissant. La mission de la Boudeuse faisait office de porte-drapeau du Grenelle de la mer (lire notre article). Lancée en grande pompe, elle était nantie d'une lettre de mission de Jean-Louis Borloo, comme au temps des grands explorateurs, et la filiation avec les voyages de découverte de Lapérouse, sous le patronage de Louis XVI, était revendiquée. Il s'agirait donc d'une reculade gouvernementale de plus sur les dossiers environnementaux ?
Non, répond le ministère. “Je regrette sincèrement l'arrêt de cette mission scientifique et d'exploration”, assure Jean-Louis Borloo. Le ministère “réaffirme avoir tenu tous ses engagements” , jure le communiqué. Mais il s'agissait de soutien logistique, et de la mise à disposition de militaires de la Marine. “Aucune demande de subvention de 500.000 euros n'a été déposée auprès des services de l'État”. En revanche, précise le texte, l'Ademe a versé 50.000 euros en 2009 et devait en rajouter 150.000 en 2010. Le communiqué ne dit pas ce qui va advenir de ce dernier versement. Quoiqu'il en soit, le fiasco, lui, est avéré.
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