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La ministre de l'Enseignement supérieur veut la gratuité des concours d'entrée aux grandes écoles pour les boursiers

Pour tenter de mettre un terme au débat sur l'accès aux grandes écoles, Mme Pécresse a proposé, jeudi matin sur RTL, la mise en oeuvre rapide de cette mesure évoquant juin 2010.Elle entend ainsi encourager les élèves d'origine modeste à tenter ces filières élitistes sans être freinés par le coût d'inscription aux concours, de 500 à 600 euros.
Article rédigé par France2.fr
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Valérie Pécresse souhaite encourager les élèves d'origine modeste à tenter les concours d'entrée aux grandes écoles.

Pour tenter de mettre un terme au débat sur l'accès aux grandes écoles, Mme Pécresse a proposé, jeudi matin sur RTL, la mise en oeuvre rapide de cette mesure évoquant juin 2010.

Elle entend ainsi encourager les élèves d'origine modeste à tenter ces filières élitistes sans être freinés par le coût d'inscription aux concours, de 500 à 600 euros.

"Je souhaite que nous travaillions avec les grandes écoles sous la tutelle de l'Etat, comme Polytechnique ou Normale Sup, mais aussi avec les autres, pour avoir la gratuité de l'inscription aux concours pour les étudiants boursiers", a-t-elle dit.

"Il y a des étudiants boursiers qui passent quelques concours mais pas tous, et notamment pas les plus prestigieux parce que ce sont les plus risqués, uniquement parce que cela coûte cher". "Il y a 30% de boursiers dans un certain nombre d'écoles et c'est dans les écoles du haut de panier qu'il n'y pas les 30%", a-t-elle relevé.

"Je souhaite que ces frais d'inscription soient supprimés. Cela suppose que l'on génère les moyens supplémentaires qui permettront aux écoles d'assumer financièrement cette gratuité. Nous avons la volonté de le faire dès juin 2010 et l'Etat est prêt à y mettre les moyens pour les écoles sous tutelle publique", a-t-elle dit.

La notion de "quotas" fait débat
La sélection des futurs étudiants de ces établissements prestigieux est à nouveau en question depuis que la CGE a publié fin décembre un texte dans lequel elle disait son opposition à des "quotas" de 30% d'élèves boursiers par école. Si le taux de boursiers est actuellement en moyenne de 22,9% dans les écoles d'ingénieurs, il n'est que de 11,03% à Polytechnique. Dans les écoles de commerce, la moyenne est de 20,7% mais seulement de 12,3% à HEC ou à l'Essec.

Jeudi, Mme Pécresse s'est dit pour un "objectif volontariste de 30% de boursiers dans les grandes écoles" à "l'horizon 2012", elle refuse pour autant l'outil du quota". "Je n'admets pas qu'on dise qu'ouvrir les grandes écoles aux boursiers signifie une baisse de la qualité du recrutement", a-t-elle dit, souhaitant que les concours d'entrée prennent en compte "l'intensité du parcours" du candidat à côté des épreuves "académiques".

Un avis partagé par le président de la conférence des grandes écoles (CGE), Pierre Tapie qui mercredi s'est dit favorable à un objectif global de 30% d'élèves boursiers dans les grandes écoles mais pas 30% par école. "Il serait contreproductif d'envisager des systèmes de quotas qui, imposant de l'extérieur un pourcentage école par école, amènerait à ce que l'objectif de promotion démocratique ne soit pas rempli" a-til dit sur France Inter.

Les partisans des quotas veulent enrayer "la reproduction des élites"
Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris est lui favorable à l'idée d'objectif par école. Il en est même l'un des pionniers, faisant de Sciences Po Paris, l'une des premières écoles à favoriser l'intégration d'élèves issus de quartiers en difficulté ou de milieux défavorisés. Pour lui, il est nécessaire d'éviter ainsi que les boursiers se retrouvent majoritairement dans les écoles les moins cotées.

"C'est tout simple, quand vous avez 250 écoles d'ingénieurs et une centaine d'écoles de commerce, il suffit que vous ayez les dix premières de chaque catégorie (où) il n'y ait pas de boursiers, des grandes écoles pour les riches", a-t-il dit.

Il a ainsi rappelé l'accusation de reproduction des élites régulièrement lancée aux grandes écoles. "Les anciens des très grandes écoles accèdent par leur talent mais pas seulement par leur talent à toutes les positions de responsabilité dans notre société", a-t-il poursuivi. "On sait très bien qu'une poignée de grandes écoles forment une poignée d'élèves (...) de moins en moins ouverts sur la société française et c'est ca qui est grave."

Pour lui, le malentendu entre le gouvernement et les grandes écoles vient de la volonté du premier d'imposer des quotas qui ne tiennent pas compte de situations en amont pour les écoles, dont les taux de candidats boursiers sont très divers. "Vous obtiendriez mécaniquement (...) un concours pour les boursiers et un concours pour les non boursiers", a-t-il exposé.

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