La France a enregistré en mars 2023 son nombre de naissances le plus faible depuis 1994, hors confinement
En mars 2023, 1 816 naissances ont été enregistrées en moyenne chaque jour en France : selon l'Insee, c'est -hors-Covid- le niveau de naissances le plus faible jamais enregistré depuis 1994, première année de disponibilité des données mensuelles en France. En comparaison, c'est 7% de moins qu’en mars 2022.
La tendance de ces 10 dernières années, une baisse du nombre de naissances, vient donc d'atteindre un point record. Dans le détail, l'Occitanie et l'Île-de-France sont les régions métropolitaines où cette baisse du taux de natalité est la plus marquée. L'année 2022 avait déjà enregistré le plus faible taux de natalité avec 723 000 naissances en France (19 000 de moins qu'en 2021), soit le plus faible nombre sur un an depuis 1946. Or, suivant les tendances de ce début d'année, le record pourrait être battu.
Moins de femmes en âge de procréer et un taux de fécondité en baisse
Selon l'Insee, ce recul de la natalité s'explique à la fois par la diminution du nombre de femmes en âge de procréer, mais aussi par un taux de fécondité (nombre d'enfants par femme) en baisse ces dernières années. Il était de 1,80 enfant par femme en 2022. Ce taux a légèrement diminué chaque année entre 2015 et 2020, après avoir oscillé autour de 2 enfants par femme entre 2006 et 2014. "Il est possible qu'il y ait un changement dans la fécondité assez important", note ce jeudi sur franceinfo Hervé Le Bras, chercheur de l'Institut national d'études démographes (Ined).
Un changement "rare" souligne le spécialiste qui rappelle que les derniers remontent à 1965 "avec l'arrivée des moyens modernes de contraception qui ont limité les naissances non désirées", et à partir de 1975 "un vieillissement de l'âge auquel les hommes et les femmes font des enfants, mais on gardait encore 2 enfants par famille". Selon lui, depuis "sept, huit ans", il y a une autre baisse "assez lente qui est en train de s'accélérer". Une tendance qui pourrait avoir des conséquences sur le long terme.
"Nous sommes à 1,8 enfant par femme, ce n'est encore pas loin du fameux 2 enfants qui permet le renouvellement de génération, mais si la baisse est la même dans les mois qui viennent que celle constatée dans les trois premiers mois : on tombera à 1,67."
Hervé Le Brasà franceinfo
"Dans ce cas-là, on risque de passer à moins de naissances que de décès pour cette année, ce qui sera une première depuis la fin des années 1890", précise le démographe.
Parmi les explications avancées par Hervé Le Bras, existent notamment "l'éco-anxiété", mais surtout "la double journée" subie par les femmes. "Ce qui a marché en France, c'est le slogan : concilier vie familiale et vie professionnelle", rappelle sur franceinfo le démographe. "Les femmes, dans un premier temps, c'était bien, elles étaient contentes de pouvoir entrer en activité. Mais maintenant, elles aimeraient bien faire pleinement d'autant plus qu'elles sont maintenant nettement puis diplômées que les hommes. Ça, c'est un gros changement", explique-t-il soulignant que les femmes, désormais, supportent mal la double journée. "Une partie d'entre elles préfèrent quand même sa carrière. Il faudrait que les hommes s'y mettent !"
Pour autant, peut-on parler d'une crise de la natalité en France ? "Il est un peu tôt pour dire si la baisse du taux de natalité en France observée ces derniers temps inaugure vraiment une nouvelle ère où les femmes auraient nettement moins d'enfants que celles des générations précédentes", selon Gilles Pison, démographe et conseiller de la direction de l'Institut national d'études démographiques (Ined)."Il y a des périodes tantôt à la hausse comme entre 1994 et 2010 et des périodes tantôt à la baisse comme c'est le cas depuis 2010", explique le démographe, "Il est donc possible qu'actuellement nous soyons toujours dans cette alternance entre de légères hausses et de légères baisses. Mais le taux de fécondité lui reste assez constant. Les femmes ont toujours en moyenne environ deux enfants."
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